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la saga de nial

Thorgeir Skorargeir, et tous ses frères. Asgrim dit que c’était beaucoup. « Et quelle aide aurons-nous de toi ? » dit Kari. — « La plus forte que je pourrai, dit Asgrim ; et j’y laisserai ma vie, s’il le faut. » « Fais ainsi, ce sera bien », dit Kari. — « J’ai parlé aussi, dit Asgrim, à Gissur le blanc. Je lui ai demandé son avis, et ce que nous avions à faire. » « Bien, dit Kari, et qu’a-t-il conseillé ? » Asgrim répondit : « Il a dit qu’il fallait nous tenir tranquilles jusqu’au printemps, qu’alors il nous fallait aller dans l’est et commencer la procédure contre Flosi pour le meurtre d’Helgi, prendre à témoins les voisins les plus proches, et citer Flosi devant le ting pour fait d’incendie, puis citer ces mêmes voisins à comparaître devant le tribunal. J’ai demandé à Gissur, qui avait à porter plainte pour le meurtre. Il a dit que c’était à Mörd à le faire, qu’il le trouve bon ou non : cela lui déplaira d’autant plus, a-t-il dit, que jusqu’ici tout dans cette affaire a tourné mal pour lui. Mais il faut que Kari se fâche toutes les fois qu’il verra Mörd, et il finira par l’y amener. Il aura du reste peur de moi. Voilà ce qu’a dit Gissur. » Kari répondit : « Nous suivrons tes conseils tant que nous pourrons, et c’est toi qui nous guideras. »

Nous parlerons encore de Kari. Il ne pouvait pas dormir la nuit. Asgrim s’éveilla une fois, et entendit que Kari était éveillé. « Ne peux-tu donc dormir la nuit ? » dit Asgrim. Et Kari chanta :

« Le sommeil fuit mes yeux, car j’entends toujours la prière de ma femme ; depuis qu’ils ont brûlé, l’automne passé, la maison de Njal, sans cesse je songe au mal qu’ils m’ont fait. »

Il n’y avait personne dont Kari parlât si souvent que de Njal et de Skarphjedin. Mais jamais il ne disait de mal de ses ennemis, jamais non plus il ne faisait entendre de menaces contre eux.