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la saga de nial

et dessous, Njal et sa femme étaient là tous deux, sans que le feu les eût touchés. Tous louèrent Dieu, et furent d’avis que c’était un grand prodige. On ôta le petit garçon qui était couché entre eux deux ; de tout son corps il n’y avait de brûlé qu’un doigt, qu’il avait sorti de dessous la peau. On emporta Njal au dehors, puis Bergthora. Et tous s’approchèrent pour voir leurs cadavres.

« Que vous semble de ces cadavres ? » dit Hjalti. « Nous attendons ton jugement » répondirent-ils. « Je vais dire en vérité ce que je pense, dit Hjalti. Le cadavre de Bergthora est tel qu’il fallait s’y attendre, quoiqu’elle soit encore belle : mais le visage de Njal est si resplendissant, que je n’ai jamais vu son pareil chez un homme mort. » Et ils dirent tous que c’était vrai.

Alors ils se mirent à la recherche de Skarphjedin. Des serviteurs leur montrèrent l’endroit où Flosi et les siens avaient entendu chanter. À cet endroit, le toit et le mur du pignon s’étaient effondrés. C’est là que Hjalti dit qu’il fallait creuser. Ils se mirent à l’ouvrage, et trouvèrent le corps de Skarphjedin. Il était debout, appuyé contre la muraille. Ses jambes étaient brûlées jusqu’aux genoux. Du reste de son corps, rien n’avait été touché par le feu. Il s’était mordu la lèvre. Ses yeux étaient grands ouverts, et la flamme ne les avait pas gonflés. Il avait enfoncé sa hache dans la muraille, si avant qu’elle y tenait jusqu’au milieu du tranchant ; et elle s’était trouvée ainsi à l’abri du feu. On retira la hache, Hjalti la prit et dit : « Voici une arme rare ; il y en a peu qui pourraient la porter. » « Je sais un homme qui le pourra » dit Kari. — « Qui cela ? » dit Hjalti. — « Thorgeir Skorargeir, dit Kari. Je le tiens maintenant pour le meilleur de leur race. »

Alors on ôta à Skarphjedin ses vêtements, que le feu n’avait pas brûlés. Il avait mis ses mains en croix, la droite dessus. On trouva sur lui une marque en-