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la saga de nial

sous du genou, et vint s’enfoncer dans le bois de la selle. « T’ai-je touché ? » dit Flosi. « Tu m’as touché certes, dit Ingjald ; mais c’est une égratignure et non une blessure. » Il arracha le javelot, et dit à Flosi : « Attends, toi, maintenant, si tu n’es pas un lâche. » Et il lui renvoya le javelot à travers la rivière. Flosi le voit venir droit sur lui. Il tire son cheval en arrière. Le javelot le manque et passe devant sa poitrine. Il atteint Thorstein au milieu du corps ; et Thorstein tombe mort, à bas de son cheval. Ingjald s’enfuit au galop vers les bois, et ils ne peuvent l’approcher.

Flosi dit à ses hommes : « Nous avons fait là une grande perte, et nous pouvons dire qu’après cela nous sommes des gens voués au malheur. Voici mon avis : c’est que nous nous en allions au col de Trihyrning. De là nous pouvons voir toutes les chevauchées du district ; car ils vont rassembler autant de monde qu’ils pourront. Ils croiront sans doute que nous aurons fait route vers l’Est et vers le Fljotshlid, en tournant le dos au col de Trihyrning. De là, ils croiront encore que nous sommes entrés dans la montagne, marchant toujours vers l’est, jusqu’à notre pays. C’est de ce côté que le gros de leurs forces ira nous poursuivre. D’autres aussi nous chercheront plus bas dans l’est, du côté de Seljalandsmula, quoiqu’ils doivent trouver moins probable que nous ayons pris ce chemin. Mon avis est donc de monter sur la montagne de Trihyrning, et d’y rester jusqu’à ce que le soleil se soit couché trois fois. »

Ils montèrent donc sur la montagne, et entrèrent dans un vallon qu’on a appelé depuis le vallon de Flosi. De là ils pouvaient voir toutes les allées et venues du pays.

CXXXI

Il faut revenir à Kari. Il sortit du fossé où il s’était reposé, et marcha devant lui jusqu’à l’endroit où il