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la saga de nial

a échappé est l’homme qui approchait le plus, en toutes choses, de Gunnar de Hlidarenda. Souvenez-vous de mes paroles, fils de Sigfus, et vous aussi, tous les autres : il y aura de telles représailles à cet incendie, que plus d’un y laissera sa tête, et d’autres tous leurs biens. Je doute qu’aucun de vous, fils de Sigfus, ose rester dans son domaine. Je vous offre donc à tous de venir chez moi, dans l’est, pour qu’un même sort nous frappe tous ensemble. » Ils le remercièrent de son offre, et dirent qu’ils l’acceptaient, Modolf fils de Ketil chanta :

« Un seul rejeton vit encore, de la maison de Njal. Tout le reste a été brûlé. Les vaillants fils de Sigfus ont accompli ce haut fait. La flamme est montée jusqu’au toit. La lueur de l’incendie a éclairé la maison. Voici vengé sur le fils de Gollnir le meurtre du brave Höskuld. »

« Vantons-nous d’autre chose, dit Flosi, que d’avoir brûlé Njal ; car ce n’est pas un honneur pour nous. » Et il s’en alla vers le mur du pignon avec Glum fils d’Hildir, et quelques autres.

Glum dit : « Skarphjedin est-il mort à présent ? » Les autres dirent qu’il devait l’être depuis longtemps. Par moments la flamme reprenait, et par moments s’éteignait tout à fait.

Et voici qu’ils entendirent en bas, du fond de l’incendie, une voix qui chantait :

« Vous auriez pleuré à chaudes larmes parmi le combat et le choc des épées, si mes amis et moi, nous avions pu nous acquérir de la gloire et marcher en avant, le tranchant de nos haches laissant des traces sanglantes. »

« Est-ce Skarphjedin vivant ou mort qui chante ainsi ? » dit Grani, fils de Gunnar. « Peu nous importe » dit Flosi. « Cherchons les cadavres de Skarphjedin, et des autres qui ont brûlé ici. » dit Grani. — « Non pas, dit Flosi ; il n’y a qu’un sot comme toi pour avoir une telle idée, au moment où dans le pays