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la saga de nial

suive son chemin. » « Je me réjouis de penser, mon frère, dit Skarphjedin, que si tu échappes tu me vengeras. » Alors Kari prit à la main une solive enflammée et se mit à courir vers la poutre qui brûlait. Il lança son tison du haut du mur, au milieu de ceux qui étaient dehors. Ils se sauvèrent tous. Les vêtements de Kari et ses cheveux étaient tout en flammes. Il sauta du haut du mur, et s’éloigna en courant le long de la fumée. Un de ceux, qui étaient le plus près demanda : « Est-ce qu’il ne vient pas de sauter un homme du haut du mur ? » « Non pas, dit un autre, c’est Skarphjedin qui nous a lancé un brandon. » Et ils ne s’en inquiétèrent pas davantage.

Kari courut jusqu’à un ruisseau, où il se jeta, pour éteindre le feu qui l’entourait. Puis il reprit sa course dans la fumée, et vint à un fossé où il se reposa. On l’appelle depuis lors le fossé de Kari.

CXXX

Il faut revenir à Skarphjedin. Il sauta sur la poutre tout de suite après Kari ; mais quand il vint à l’endroit où elle était le plus brûlée, elle s’écroula sous lui. Il tomba sur ses pieds et essaya d’escalader la muraille ; et voici qu’un pan du mur tomba sur lui, et le rejeta au dedans. « Je vois bien à présent où j’en suis » dit Skarphjedin. Et il s’avança le long de la muraille. Gunnar, fils de Lambi, grimpe sur la muraille et voit Skarphjedin. « Voilà que tu pleures, Skarphjedin ? » dit-il. — « Non pas, dit Skarphjedin ; mais les yeux me font mal, c’est la vérité. Et toi, tu ris, à ce que je vois ? » « Oui certes, dit Gunnar, et je n’avais pas ri encore depuis que tu tuas Thrain au Markarfljot. » « Voici un cadeau, dit Skarphjedin, qui t’en fera souvenir. » Il prit dans sa poche une grosse dent qu’il avait arrachée à Thrain, et la jeta à Gunnar. La dent lui entra dans l’œil, qui vint pendre sur sa joue. Gunnar tomba du haut du mur.