Page:La Saga de Nial, trad. Dareste, 1896.djvu/271

Cette page a été validée par deux contributeurs.
251
la saga de nial

dernières paroles qu’on entendit d’eux. L’intendant prit la peau, l’étendit sur eux, et sortit.

Ketil de Mörk vint à sa rencontre et le tira dehors. Il s’informa de Njal, son beau-père, et l’intendant lui dit tout ce qui s’était passé. « Voici de grands malheurs qui fondent sur nous, dit Ketil ; et cela fait bien des calamités à la fois. »

Skarphjedin avait vu que son père allait se coucher, et comment toutes choses s’étaient passées. « Voici notre père qui va se mettre au lit de bonne heure, dit-il ; il fallait s’y attendre, car il est vieux. »

Il tombait des tisons enflammés. Skarphjedin, Kari et Grim les ramassaient comme ils tombaient, et les lançaient sur ceux du dehors ; et cela dura un moment. Alors les autres leur lancèrent des javelots. Mais ils les arrêtaient au vol, et les leur renvoyaient. Flosi dit à ses gens de cesser : « Nos armes, dit-il, ne nous servirons de rien contre eux. Vous pouvez bien attendre que le feu en soit venu à bout. »

Les grosses poutres commençaient à tomber du toit. « Maintenant, dit Skarphjedin, mon père doit être mort. Je ne l’ai entendu ni tousser ni gémir. » Et ils s’en allèrent au bout de la salle. Il y avait là une poutre qui s’était effondrée. Elle était toute brûlée au milieu. Kari dit à Skarphjedin : « Saute dehors par là, et je sauterai après toi. De cette façon nous pourrons tous deux nous échapper ; car toute la fumée vient de ce côté » Skarphjedin répondit : « C’est toi qui sauteras le premier ; je serai sur tes talons. » « Ce n’est pas sage, dit Kari ; moi, je pourrai bien m’échapper d’un autre côté, si je n’y parviens pas ici. » « Et moi je ne veux pas, dit Skarphjedin ; saute le premier, je te suis. » « C’est le devoir de tout homme » dit Kari, de sauver sa vie quand il le peut ; et c’est ce que je vais faire. Voici que nous nous séparons pour ne plus nous revoir ; car si je saute dehors, je ne rentrerai certes pas dans le feu pour t’y retrouver. Que chacun donc