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la saga de nial

Flosi. Beaucoup de nos hommes sont blessés, et on nous a tué celui que nous aurions le moins voulu perdre. Il est clair maintenant que nous n’en viendrons jamais à bout par les armes. Il y en a plus d’un ici qui n’est plus aussi brave qu’il semblait l’être quand il nous pressait si fort. Et je parle surtout de Grani, fils de Gunnar, et de Gunnar, fils de Lambi, qui se donnaient pour les plus enragés. Mais il s’agit maintenant de prendre un autre parti. Nous avons le choix entre deux choses (ni l’une ni l’autre n’est bonne) : ou bien laissons-là l’entreprise, et c’est notre mort ; ou bien mettons le feu à la maison et brûlons-les, et c’est un grand crime dont nous répondrons devant Dieu, nous qui sommes aussi des chrétiens. Et pourtant nous n’avons plus que cela à faire. »

CXXIX

Ils allumèrent donc du feu, et firent un grand bûcher devant la porte. « Vous faites du feu, compagnons ? » dit Skarphjedin. Allez-vous faire cuire quelque chose ? » « Oui, dit Grani, fils de Gunnar, et tu n’auras pas besoin d’un four mieux chauffé que celui-là. » « C’est ainsi que tu me récompenses d’avoir vengé ton père, dit Skarphjedin ; tu es bien homme à faire cela, toi qui n’as d’égards que pour ceux qui n’ont rien fait pour toi. » Alors les femmes jetèrent du petit lait sur le feu, et l’éteignirent. D’autres apportèrent de l’eau.

Kol fils de Thorstein dit à Flosi : « Il me vient une idée. J’ai vu un grenier au dessus de la salle, sous les solives du toit. C’est là qu’il faut mettre le feu, nous l’allumerons avec ce foin qui est en tas devant la maison. »

Ils prirent donc le foin, et mirent le feu au grenier. Ceux qui étaient dans la maison ne s’en aperçurent que quand toute la salle fut éclairée par les flammes. Alors les femmes commencèrent à se lamenter. Njal