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la saga de nial

avant l’heure du souper. » Et ils se mirent en route. Il y avait une vallée au pied de la colline ; ils y entrèrent, attachèrent leurs chevaux, et y attendirent jusqu’à ce que la soirée fût fort avancée. « Maintenant, dit Flosi, marchons sur le domaine ; allons en troupe serrée, et lentement ; et voyons à quoi ils vont se décider. »

Njal était dehors, avec ses fils et Kari, et tous ses serviteurs ; ils étaient rangés devant l’entrée, et cela faisait près de trente hommes. Flosi s’arrêta et dit : « Voyons quel parti ils vont prendre ; s’ils restent dehors, je crois que nous n’en viendrons jamais à bout. » « Nous avons donc manqué notre voyage, dit Grani, fils de Gunnar, si nous n’osons pas les attaquer. » « Non pas, dit Flosi, nous les attaquerons quand même ils resteraient dehors, mais nous y perdrons tant de monde qu’on ne pourra dire où est le vainqueur. »

Njal dit à ses hommes : « Pouvez-vous voir combien ils sont ? » « Ils sont beaucoup de monde, et de vaillantes gens, dit Skarphjedin ; et pourtant ils se sont arrêtés ; ils pensent qu’ils auront du mal à venir à bout de nous. » « Ils n’en viendront pas à bout, dit Njal ; et je veux que nous rentrions tous. C’est à grand-peine qu’ils ont vaincu Gunnar à Hlidarenda, quoiqu’il fût seul contre eux. La maison est solide, comme était la sienne, et ils n’arriveront pas à s’en emparer. » « C’est un mauvais parti à prendre, dit Skarphjedin ; les chefs qui ont attaqué Gunnar étaient des hommes de grand cœur, qui auraient abandonné l’entreprise plutôt que de le brûler dans sa maison. Mais ceux-ci vont sans tarder nous attaquer par le feu, s’ils ne peuvent pas autrement ; car tous les moyens leur seront bons pour nous détruire. Ils pensent, avec raison, que leur mort est certaine si nous leur échappons. Pour moi, je n’ai nulle envie de me laisser brûler comme un renard dans son trou. » « Il en est donc, dit Njal, à présent comme tou-