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la saga de nial

et ils suivaient le même chemin. On peut dire en vérité que tout est en l’air dans ce pays. »

Helgi, fils de Njal, dit : « Il faut que Flosi soit venu de l’est, et tous les autres allaient sans doute à sa rencontre. Nous devrions, Grim, être là où est Skarphjedin. » Grim dit qu’ainsi fallait-il faire, et ils retournèrent à Bergthorshval.

Ce soir-là, Bergthora dit à ses serviteurs : « Vous allez choisir vous-mêmes votre repas du soir : que chacun prenne ce qu’il aime le mieux ; car c’est la dernière fois que je servirai le souper à mes serviteurs. » « À Dieu ne plaise » dirent-ils. — « C’est la vérité pourtant, répondit-elle, et je pourrais en dire davantage si je voulais. Je vais vous donner un signe, c’est que Grim et Helgi vont revenir ce soir avant que vous n’ayez fini votre repas. Si cela arrive il se passera plus de choses encore que je n’ai dit. » Et elle mit les viandes sur la table.

« Voilà qui est étrange, dit Njal. Je regarde autour de moi dans la salle, et il me semble que je vois les murailles renversées, et la table et les viandes toutes couvertes de sang. » Ils furent tous saisis d’une grande terreur, hormis Skarphjedin. Il conjura les hommes de ne pas s’effrayer et de ne pas s’exposer à la risée des autres par une contenance indigne d’eux : « Il nous convient plus qu’à personne, dit-il, de nous conduire en braves. Et c’est bien là ce qu’on attend de nous. »

Avant qu’on eût ôté les tables, Grim et Helgi arrivèrent, et grand fut l’émoi des gens à cette vue. Njal demanda ce qui les ramenait si vite. Ils contèrent ce qu’ils avaient appris. Njal dit que personne n’irait se mettre au lit, et qu’on se tiendrait sur ses gardes.

CXXVIII

Il faut revenir à Flosi. Il dit à ses gens : « Le moment est venu d’aller à Bergthorshval : il faut y arriver