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la saga de nial

La nuit du dimanche qui tombe douze semaines avant l’hiver, Hildiglum était sorti de la maison. Il entendit un grand bruit, et il lui sembla que le ciel et la terre en tremblaient. Il regarda du côté de l’ouest et crut voir un cercle de feu, et dans ce cercle un homme sur un cheval blanc. Il s’approchait au galop et il avait à la main un tison ardent. Il passa si près qu’Hildiglum put le voir distinctement. Il était noir comme de la poix. Il chantait d’une voix éclatante :

« Je monte un cheval couvert de givre, à la crinière de glace. Il apporte la ruine. Ses jambes sont de feu, son cœur est de venin. Tel ce brandon que j’agite, telle court la vengeance de Flosi. »

Alors Hildiglum vit l’homme lancer son tison sur les montagnes qui sont à l’est, et il lui sembla qu’il s’élevait des montagnes une flamme si grande qu’il ne pouvait la regarder. L’homme continua sa route vers l’est et disparut dans le feu.

Hildiglum rentra, se mit au lit, et fut longtemps sans connaissance. Quand il eut reprit ses sens, il se rappela tout ce qui s’était passé, et le dit à son père. Son père l’engagea à le dire à Hjalti fils de Skeggi. Il alla trouver Hjalti, et lui dit la chose. « C’est la chevauchée des fantômes que tu as vue, dit Hjalti ; et c’est toujours signe d’événements graves. »

CXXVI

Quand on fut à deux mois de l’hiver, Flosi se tint prêt à quitter le pays de l’est, et il appela à lui tous ceux qui lui avaient promis leur aide. Chacun d’eux avait deux chevaux et de bonnes armes. Ils vinrent tous à Svinafell et y passèrent la nuit. Le dimanche, de grand matin, Flosi fit célébrer le service divin, après quoi il se mit à table. Il dit à ses serviteurs ce que chacun d’eux aurait à faire pendant qu’il serait au loin. Puis il monta à cheval.

Flosi et les siens s’en allèrent vers l’ouest, suivant