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choisir, et c’est toi que nous mettrons à notre tête. Il y a bien des raisons pour cela : tu es un homme de noble race et un grand chef, hardi et sage. Nous pensons que tu verras mieux que personne ce qu’il y a à faire dans une telle entreprise. » « Il faut bien, dit Flosi, que je vous accorde votre demande. Je vais donc vous dire tout de suite comment nous nous y prendrons. Voici mon avis : que chacun quitte le ting et retourne chez lui, et veille à son domaine tout l’été, tant qu’on n’aura pas fait les foins. Moi aussi je vais rentrer chez moi, et j’y passerai l’été. Le dimanche qui tombera huit semaines avant l’hiver, je me ferai chanter une messe, après quoi je monterai à cheval et je m’en irai dans l’ouest, en passant par Lomagnupssand. Chacun de nous aura deux chevaux. Je n’en veux pas d’autres avec moi que ceux qui ont juré ici ; nous serons assez, si nous nous tenons bien. Je chevaucherai tout le dimanche et la nuit d’après ; et le second jour de la semaine j’arriverai à Trihyrningshals vers le milieu de la soirée. Il faudra que vous soyez tous là, vous qui avez prêté serment ; mais s’il manque quelqu’un de ceux qui ont promis d’être à l’entreprise, il perdra la vie, si c’est en notre pouvoir. »

« Comment pourra-t-il se faire, dit Ketil, que tu partes de chez toi le dimanche, et arrives le second jour de la semaine à Trihyrningshals ? » Flosi répondit : « Je partirai de Skaptartunga, et je passerai, venant du Nord, devant le Jökul d’Eyjafell. De là je descendrai dans le Godaland ; et j’arriverai, en chevauchant dur. Je vais maintenant vous dire tout mon plan : quand nous serons rassemblés, nous marcherons, la troupe tout entière, sur Bergthorshval ; nous attaquerons les fils de Njal par le fer et par le feu, et nous ne nous séparerons pas, que tous ne soient morts. Tenez notre projet secret, car il y va de notre vie. Et maintenant, montons à cheval, et retournons chez nous. » Et ils rentrèrent tous dans leurs huttes.