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la saga de nial

qu’il est un homme, car il a engendré des fils avec sa femme ; et pas un de nos parents n’est tombé percé de coups, près de notre domaine, que nous l’ayons laissé sans vengeance. » Là-dessus il prit le manteau, et jeta à Flosi un pantalon bleu. « Tu en as plus besoin que lui » dit-il. « Et pourquoi ? » dit Flosi. « Parce que, répondit Skarphjedin, tu es la fiancée du démon de Svinafell. On m’a dit qu’il faisait de toi une femme, chaque neuvième nuit. » Alors Flosi donna un coup de pied dans le tas d’argent, et dit qu’il n’en voulait pas avoir un seul denier : « De deux choses l’une, dit-il, ou Höskuld ne sera pas vengé, ou il aura une vengeance sanglante. » Et il refusa d’échanger les promesses de paix. « Retournons chez nous, dit-il aux fils de Sigfus. Un même sort sera pour nous tous. » Et ils retournèrent à leurs huttes.

Hal dit : « Ceux qui ont part à cette querelle sont des gens voués au malheur. »

Njal et ses fils rentrèrent dans leurs huttes. « Voici qu’il arrive, dit Njal, ce que je vois venir depuis longtemps, et cette querelle finira mal pour nous. » « Non pas, dit Skarphjedin, car ils n’ont plus de recours légal contre nous. » « Il nous arrivera donc pis encore » dit Njal.

Ceux qui avaient donné l’argent parlèrent de le reprendre. Mais Gudmund le puissant dit : « Je ne me ferai jamais cette honte de reprendre ce que j’ai une fois donné, soit ici, soit ailleurs. » « C’est bien parlé » dirent-ils. Et personne ne voulut plus reprendre l’argent. « Voici mon avis, dit Snorri le Godi. Il faut que Gissur le blanc et Hjalti fils de Skeggi prennent cet argent en garde jusqu’au prochain Alting. J’ai idée que nous en aurons besoin avant qu’il soit longtemps. » Hjalti prit donc en garde une moitié de l’argent, et Gissur l’autre. Puis chacun rentra dans sa hutte.