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la saga de nial

cet argent au tertre de la loi. Et les hommes donnèrent de si grosses sommes qu’il ne s’en manquait pas d’un denier. Njal prit encore un manteau de soie et une paire de bottes, et les mit sur le tas.

Après cela Hal dit à Njal : « Va chercher tes fils ; moi j’amènerai Flosi, et ils se jureront la paix les uns aux autres. » Njal retourna donc à sa hutte, et dit à ses fils : « Voici notre affaire venue à bonne fin. La paix est faite, et tout l’argent est rassemblé. Il faut maintenant que les deux partis se rencontrent et se jurent paix et fidélité. Et je viens vous prier, mes fils, de ne rien gâter. » Skarphjedin passa la main sur son front en ricanant.

Et voici qu’ils arrivent tous au tribunal. Hal était allé trouver Flosi : « Viens avec moi au tribunal lui dit-il ; tout l’argent est là, rassemblé en un tas. » Flosi pria les fils de Sigfus de venir avec lui. Ils sortirent tous, et arrivèrent au tribunal, venant de l’est, comme Njal et ses fils arrivaient venant de l’ouest. Skarphjedin s’avança jusqu’au banc du milieu, et resta là debout.

Flosi entra dans l’enceinte du tribunal pour regarder l’argent : « Voilà une grosse somme, dit-il, en belle monnaie, et bien comptée, comme il fallait s’y attendre. » Puis il prit le manteau, l’agita en l’air, et demanda qui l’avait donné. Mais personne ne lui répondit. Une seconde fois il agita le manteau, demandant qui l’avait donné, et il riait. Et personne ne lui répondit. « Quoi donc, dit-il alors, personne de vous ne sait-il à qui est ce vêtement, ou bien n’osez-vous pas me le dire ? » « Qui penses-tu qui peut l’avoir donné ? » dit Skarphjedin. « Si tu veux le savoir, dit Flosi, je vais te dire ce que je pense. Je pense que c’est ton père qui l’a donné, le drôle sans barbe ; car ceux qui le voient ne savent pas si c’est un homme ou une femme. » Skarphjedin dit : « C’est mal parler d’insulter un vieillard, et jamais, jusqu’à ce jour, un brave homme n’a fait pareille chose. Vous savez bien