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la saga de nial

reur. » Alors Thorkel, en grande colère, sauta sur ses pieds. Il tira son épée et dit : « Voici une épée que j’ai prise en Suède, à un des meilleurs champions qu’on pût voir ; et depuis, je m’en suis servi pour tuer plus d’un homme. Que je t’approche, et je te la passerai au travers du corps, en récompense de tes injures. » Skarphjedin était là, sa hache levée. Il rit en montrant ses dents, et dit : « J’avais cette hache à la main quand j’ai fait un saut de douze aunes au travers du Markarfljot, pour tuer Thrain fils de Sigfus ; ils étaient huit contre moi, et pas un d’eux ne me toucha. Mais moi je n’ai jamais levé une arme contre un homme, sans le frapper. » Et là-dessus il poussa de côté ses frères et Kari, et vint droit à Thorkel. « Choisis, Thorkel Hak, lui dit-il. Ou bien rengaine ton épée et va t’asseoir, ou bien je te plante ma hache dans la tête, et je la fends en deux jusqu’aux épaules. » Thorkel rengaina son épée et s’assit. Pareille chose jamais ne lui était arrivée, et jamais ne lui arriva depuis.

Asgrim et les autres sortirent. « Où allons-nous maintenant ? » dit Skarphjedin. « Chez nous, dans nos huttes » dit Asgrim. « Nous sommes las de demander, alors » dit Skarphjedin. Asgrim se tourna vers lui et dit : « Dans plus d’un endroit tu as eu la langue bien prompte. Mais pour Thorkel, je suis d’avis que tu l’as traité comme il le méritait. »

Ils rentrèrent dans leur hutte, et dirent à Njal ce qui s’était passé, d’un bout à l’autre. Njal dit : « Nous allons vers la destinée : ce qui doit arriver arrivera. »

Gudmund le puissant apprit ce qui s’était passé entre Skarphjedin et Thorkel. « Vous savez, dit-il, ce que m’ont fait les gens de Ljosvatn ; mais je n’ai jamais souffert d’eux tant de mépris ni d’injures, que Thorkel vient d’en avoir de Skarphjedin ; et c’est bien fait pour lui. » Puis il dit à son frère Einar de Thværa : « Tu prendras tous mes hommes, et tu te mettras du côté des fils de Njal quand leur cause viendra devant le ting ; et si l’été prochain ils ont besoin d’aide