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avait tué Thrain, et qu’il appelait Rimmugygi ; et aussi un bouclier léger. Il avait autour de la tête un bandeau de soie, et ses cheveux étaient rejetés derrière ses oreilles. C’était le plus terrible des guerriers, et, à cela, tous pouvaient le reconnaître sans l’avoir jamais vu. Il marchait au rang qu’on lui avait marqué sans avancer ni reculer.

Ils entrèrent dans la hutte, et allèrent jusqu’à la chambre du fond. Thorkel était assis au milieu du banc, et ses hommes de chaque côté. Asgrim le salua. Thorkel lui fit bon accueil. « Nous sommes venus, dit Asgrim, te demander de nous aider, et de venir au tribunal avec nous. » « Qu’avez-vous besoin de mon aide » dit Thorkel, puisque vous venez de chez Gudmund ? Il a dû vous promettre la sienne. » « Il ne nous a rien promis » dit Asgrim. « C’est donc, dit Thorkel, que Gudmund a trouvé l’affaire mauvaise ; et elle l’est en effet, car ce meurtre est la plus méchante action qui jamais ait été commise. Je ne sais ce qui t’a pris de venir ici, ni comment tu as pu croire que je serais plus traitable que Gudmund, et que je soutiendrais une mauvaise cause. » Asgrim se taisait. Il pensait que cela prenait une mauvaise tournure. Thorkel reprit : « Qui est cet homme, grand, et à l’air terrible, qui en a quatre devant lui, pâle et au visage dur, effroyable à voir, une face de malheur ? » Skarphjedin répondit : « Je me nomme Skarphjedin ; mais toi, tu as tort de m’adresser tes paroles insultantes, car je ne t’ai rien fait. Jamais je n’ai mis mon père à mes pieds, jamais je n’ai combattu contre lui, comme toi contre le tien. Ce n’est pas souvent que tu es venu au ting, et que tu t’es mêlé des procès qu’on y juge. Tu aimes bien mieux rester chez toi, à Öxara, à t’occuper de tes laitages avec ta poignée de serviteurs. Tu ferais bien aussi de te nettoyer les dents, et d’en ôter la viande de cheval que tu as mangée avant de partir pour le ting ; ton berger t’a vu, et il s’est émerveillé de te voir faire une telle hor-