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la saga de nial

homme, dit Snorri, qui en a quatre devant lui, pâle et au visage dur, qui rit en montrant ses dents, et qui porte sa hache levée sur son épaule ? » « Je me nomme Hjedin, dit l’autre, mais il y en a qui m’appellent Skarphjedin, de mon nom tout entier. Qu’as-tu à me dire de plus ? » « J’ai à te dire ceci, répondit Snorri. Tu m’as l’air d’un homme hardi, et qui ne craint personne. Et pourtant je vois une chose, c’est que ton bonheur est passé, et que tu n’as plus devant toi qu’une courte vie. » « C’est bien, dit Skarphjedin ; c’est une dette que nous paierons tous. Mais toi tu ferais mieux de venger ton père que de me faire tes prophéties. » « Bien d’autres me l’ont dit avant toi, dit Snorri, et je ne me fâcherai pas pour cela. » Ils sortirent et ils n’avaient pas trouvé là de secours.

De là ils allèrent à la hutte des gens du Skagfjord. Dans cette hutte demeurait Haf le riche. Il était fils de Thorkel, fils d’Eirik, de la vallée de God, fils de Geirmund, fils de Hroald, fils d’Eirik à la barbe hérissée, qui tua Grjotgard, en Norvège, dans la vallée de Sokn. La mère de Haf s’appelait Thorunn et était fille d’Asbjörn Myrkarskall, fils de Hrossbjörn.

Asgrim et les autres entrèrent dans la hutte. Asgrim vint à Haf, et le salua. Haf lui fit bon accueil, et le pria de s’asseoir. « Je suis venu, dit Asgrim, te demander ton aide, pour moi et mes parents. » Haf répondit vivement : « Je ne veux pas me mêler de vos embarras. Mais dis-moi, qui est cet homme pâle, qui en a quatre devant lui, et qui a l’air si terrible qu’on le dirait sorti des gouffres de la mer ? » « Que t’importe qui je suis, face de bouillie, dit Skarphjedin. Là où tu seras en embuscade pour m’attendre, je n’aurai pas peur d’aller en avant ; ce ne sont pas des compagnons comme toi sur ma route, qui m’effraieront beaucoup. Tu ferais bien d’aller chercher ta sœur Svanlög ; qu’Eydis Jarnsaxa et Stedjakol ont enlevée de ta maison, sans que tu aies osé bouger. » « Sor-