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la saga de nial

manteau, et vint, sans dire un mot, droit à Flosi. Flosi avait mangé son saoul, et on avait emporté les tables. Hildigunn jeta le manteau sur Flosi, et le sang caillé tomba à grand bruit tout autour. « Voici, Flosi, dit-elle, le manteau que tu donnas à Höskuld ; je veux te le donner à mon tour. C’est dans ce manteau qu’il a été tué. J’appelle à témoins Dieu et tout ce qu’il y a de vaillants hommes, que je t’adjure, par la puissance du Christ, par ta renommée et ta bravoure, de venger toutes les blessures qui couvraient son cadavre ; sinon, puisse chacun t’appeler un lâche ! »

Flosi arracha le manteau et le lui jeta : « Tu es une sorcière d’enfer, dit-il ; tu voudrais nous voir faire ce qui serait notre perte à tous ; mais les conseils des femmes sont toujours cruels ». Flosi était tellement hors de lui, que son visage était tantôt rouge comme du sang, tantôt pâle comme du foin séché, et tantôt noir comme la mort.

Flosi monta à cheval, avec ses hommes, et s’en alla. Il vint à Holtsvad pour y attendre les fils de Sigfus et le reste de ses amis.

Il y avait un homme nommé Ingjald qui demeurait à Kelda. C’était le frère de Hrodny, mère d’Höskuld, fils de Njal. Ils étaient tous deux les enfants d’Höskuld le blanc, fils d’Ingjald le fort, fils de Geirfin le rouge, fils de Sölvi, fils de Gunnstein le tueur de sorciers. Ingjald avait pour femme Thraslaug, fille d’Egil, fils de Thord, godi de Frey. La mère d’Egil était Thraslaug fille de Thorstein Titling. La mère de Thraslaug était Unn, fille d’Eyvind Karf, et sœur de Modolf le sage.

Flosi envoya dire à Ingjald de venir le trouver. Ingjald arriva aussitôt avec quatorze hommes, tous de sa maison. Ingjald était grand et fort. Il parlait peu, chez lui, mais c’était le plus brave des hommes, et il donnait volontiers de ses biens à ses amis.

Flosi fit bon accueil à Ingjald et lui dit : « De gran-