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la saga de nial

était à prévoir que ceci te ferait de la peine ». — « Ce n’est pas seulement, dit Njal, parce que je suis vieux, mais aussi parce que je sais mieux que vous ce qui s’ensuivra ». — « Qu’est-ce qui s’ensuivra ? » dit Skarphjedin. — « Ma mort, dit Njal, celle de ma femme, et de tous mes fils ». — « Que lis-tu dans l’avenir pour moi ? » dit Kari. — « Il leur sera difficile, dit Njal, de s’opposer à ton heureux destin, et tu seras plus fort qu’eux tous ».

Et ce fut la seule chose au monde qui touchât Njal de telle sorte qu’il ne pouvait en parler sans pleurer.

CXII

Hildigunn s’éveilla et vit qu’Höskuld n’était plus dans la chambre. « J’ai fait de mauvais rêves, dit-elle, et qui ne m’annoncent rien de bon ; allez me chercher Höskuld ». Ils le cherchèrent dans le domaine, et ne le trouvèrent pas. Cependant Hildigunn s’était habillée. Elle sort, et deux hommes avec elle, ils s’en vont vers la haie, et trouvent là Höskuld mort. À ce moment, arrive le berger de Mörd fils de Valgard. Il lui dit qu’il a rencontré les fils de Njal, venant de ce lieu, « et Skarphjedin m’a appelé, dit-il, et s’est déclaré l’auteur du meurtre ». — « Ce serait un exploit de brave, dit Hildigunn, si un seul y avait eu part ». Elle prit le manteau, essuya tout le sang des blessures, y rassembla les gouttes de sang caillé, et le mit dans son coffre.

Puis elle envoya un homme à Grjota pour y annoncer la nouvelle. Mörd était là qui l’avait déjà dite. Ketil de Mörk était venu aussi. Thorgerd dit à Ketil : « Voici qu’Höskuld est mort comme vous savez. Rappelle-toi maintenant ce que tu m’as promis, quand tu l’as pris pour ton fils d’adoption ». — « Il se peut, dit Ketil, que j’aie promis alors trop de choses ; car je ne pensais guère qu’il viendrait des jours comme ceux-ci. Me voici fort en peine ; car le nez est près des yeux, et je suis marié à une fille de