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la saga de nial

invités vinrent tous, et la fête se passa bien. Quand les gens furent sur le point de partir, Höskuld leur donna de beaux présents, et il fit la conduite aux fils de Njal. Les fils de Sigfus l’accompagnaient, et toute la foule des invités. Ils disaient les uns et les autres que jamais personne ne pourrait se mettre entre eux.

À quelque temps de là, Mörd vint à Vörsabæ et demanda à parler à Höskuld. Ils s’en allèrent à l’écart, et Mörd dit : « Il y a grande différence entre toi et les fils de Njal. Tu leur as fait de beaux présents ; mais ceux qu’ils t’ont donnés, c’était pour se moquer de toi. » « Qu’est-ce qui te fait penser cela ? » dit Höskuld. « Ils t’ont donné, répondit-il, un cheval qu’ils n’appelaient eux-mêmes qu’un poulain, et ils l’ont fait par dérision, car ils te tiennent, toi aussi, pour jeune et sans expérience. Je peux te dire aussi qu’ils t’envient ton siège de godi. Skarphjedin s’en est emparé au ting, quand tu ne t’es pas rendu à la convocation du cinquième tribunal ; et il entend bien ne pas le lâcher. » « Ce n’est pas vrai, dit Höskuld ; je l’ai repris à la session d’automne. » « C’est que Njal s’en est mêlé, dit Mörd. De plus, ajouta-t-il, ils ont rompu la paix avec Lyting. » « Je ne leur en ferai pas un crime » dit Höskuld. — « Tu ne peux pas nier pourtant, dit Mörd, qu’un jour où Skarphjedin et toi vous vous en alliez à l’est, vers le Markarfljot, sa hache est tombée de sa ceinture, et ce jour-là il avait en tête de te tuer. » « C’était sa hache à fendre du bois, dit Höskuld ; je l’ai vue quand il l’a mise à sa ceinture. Et je veux te dire tout de suite, ajouta-t-il, que tu ne me diras jamais si grand mal des fils de Njal que j’arrive à le croire. Et quand il y aurait quelque chose, quand tu dirais vrai en me prévenant que j’aurai à les tuer ou à être tué moi-même, j’aime bien mieux souffrir la mort de leur main que de leur faire le moindre mal. Mais toi, tu n’en es que plus méchant homme, de m’avoir dit cela. » Et Mörd s’en retourna chez lui.