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la saga de nial

par dessus le fleuve, au milieu des glaçons, et puis, sans s’arrêter, il se lance en avant, les pieds joints. La glace était unie, et il avançait comme l’oiseau vole. Thrain était en train de remettre son casque. Skarphjedin arrive, il lève sur Thrain sa hache Rimmugygi, il le frappe à la tête, et la fend en deux jusqu’aux dents du menton, qui tombent sur la glace. Cela fut fait si vite, que personne n’eut le temps de frapper. Et là-dessus il s’éloigne, comme l’éclair.

Tjörvi avait jeté son bouclier devant Skarphjedin ; il sauta par dessus, retomba sur ses pieds et continua de glisser jusqu’au bout de la banquise.

À ce moment, Kari et les autres arrivent à sa rencontre. « Voilà qui est d’un homme » dit Kari. — « À votre tour maintenant » dit Skarphjedin ; et il chanta :

« Me voici arrivé en même temps que vous sur le lieu du combat. J’ai fait mordre la poussière à ce jeune insolent. Depuis que le jarl a dépouillé Grim et Helgi, voici enfin le moment venu de venger cette aventure. »

Il chanta encore : « J’ai brandi ma hache, qui fait pleuvoir les blessures. Elle qui se nomme l’ogre terrible, elle a pourvu les corbeaux de chair humaine. Rappelez-vous ce que vous avez promis à Hrap. Venez au combat, sur la plaine de glace. Rimmugygi de sa voix retentissante, vous a donné le signal. »

Ils s’avancent donc. Grim et Helgi ont vu Hrap, et courent sur lui. Hrap lève sa hache sur Grim. Helgi qui le voit, le frappe au bras : le bras est tranché et la hache tombe à terre. « Tu as fait là d’utile besogne, dit Hrap ; cette main a causé mort ou dommage à plus d’un. » « Mais voilà qui est fini » dit Grim, et il lui passe sa lance au travers du corps. Hrap tomba mort à l’instant.

Tjörvi court à Kari et lui lance un javelot. Kari saute en l’air, et le javelot passe sous ses pieds.