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la saga de nial

Et voici que Thrain et les siens arrivent de Dal en chevauchant le long de la rivière. Lambi fils de Sigurd dit : « Je vois briller des boucliers au défilé rouge : le soleil les fait reluire ; il doit y avoir là une embuscade. » — Changeons de route et suivons la rivière, dit Thrain, il faudra bien qu’il viennent à notre rencontre, s’ils ont affaire à nous, » Ils se détournèrent donc et suivirent le bord de l’eau. Skarphjedin dit : « Ils nous ont vus, car ils ont changé de route ; nous n’avons plus rien d’autre à faire que de courir sur eux. » « Bien des gens se mettent en embuscade, dit Kari, avec une partie moins inégale que la nôtre. Ils sont huit et nous quatre. »

Ils descendent donc au bord de la rivière et voient une banquise de glace un peu plus bas. C’est par là qu’ils veulent passer. Thrain et les siens s’étaient postés sur la glace, en amont de la banquise. « Que peuvent vouloir ces gens-là ? » dit Thrain. Ils sont quatre, et nous sommes huit. » « Et moi je crois, dit Lambi fils de Sigurd, qu’ils nous attaqueraient quand nous serions encore plus. »

Thrain jette son manteau, et ôte son casque.

Skarphjedin courait avec les autres le long de la rivière : et voici que la courroie de son soulier cassa, et le força de s’arrêter. « Que tardes-tu, Skarphjedin ? » dit Grim. — « J’attache mon soulier » dit Skarphjedin. — « Allons toujours, dit Kari, je connais Skarphjedin, il n’arrivera pas plus tard que nous. » Ils continuent de courir vers la banquise, et ils vont à toute vitesse.

Skarphjedin sauta sur ses pieds dès qu’il eut attaché sa courroie. Il levait en l’air sa hache Rimmugygi. Il court vers la rivière, mais l’eau est si profonde que sur une grande longueur il ne faut pas songer à la passer à gué.

Il y avait de l’autre côté un amas de glaçons, uni comme du verre. Thrain et les siens avaient pris place au milieu. Skarphjedin prend son élan, il saute