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la saga de nial

son compte les paroles qu’on voudrait » dit Bergthora. Elles s’en allèrent. Bergthora leur fit des présents d’adieu, et leur demanda quand Thrain reviendrait chez lui. Elles dirent qu’il serait de retour à quatre ou cinq nuits de là. Bergthora alla le dire à ses fils et à Kari son gendre, et ils parlèrent longtemps ensemble, tout bas.

Ce même matin où Thrain et les siens quittaient le pays de l’est, Njal s’éveilla de bonne heure, et il entendit la hache de Skarphjedin résonner contre la muraille.

Njal se lève et sort. Il voit ses fils tout armés, et avec eux Kari, son gendre.

Skarphjedin était en avant. Il était vêtu d’une casaque bleue ; il avait son bouclier à la main, et sa hache levée sur l’épaule. Après lui venait Kari. Il avait un justaucorps de soie, un casque et un bouclier dorés, et sur le bouclier était peint un lion. Après lui venait Helgi, vêtu de rouge, le casque en tête. Son bouclier était rouge, et orné d’une figure de cerf. Tous avaient des vêtements de couleurs éclatantes.

« Où vas-tu, mon fils ? » cria Njal à Skarphjedin, « À la chasse aux moutons » répondit l’autre. — « C’est comme l’autre fois, dit Njal ; mais ce jour-là vous avez chassé des hommes. » Skarphjedin se mit à rire : « Entendez-vous, dit-il, ce que dit notre bonhomme de père ? Il a ses soupçons. » « Quand lui as-tu déjà dit cela ? » dit Kari. — « Quand j’ai tué Sigmund le blanc, le parent de Gunnar » dit Skarphjedin. — « Pourquoi l’as-tu tué ? » dit Kari. — « Il avait tué Thord, fils de l’affranchi, notre père nourricier » répondit Skarphjedin.

Njal rentra. Les autres s’en allèrent jusqu’à un endroit qu’on appelait le défilé rouge. Là il attendirent. De la place où ils étaient ils pouvaient voir, du côté de l’est, les autres arrivant de Dal. Le soleil brillait ce jour-là et le temps était clair.