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la saga de nial

nuits il comptait passer au loin. Ils étaient tous armés jusqu’aux dents.

Ils chevauchèrent vers l’est, passant le Markarfljot. Ils trouvèrent là des femmes mendiantes qui les prièrent de leur faire passer l’eau, ils le firent, après quoi ils vinrent à Dal ou ils trouvèrent un bon accueil, Ketil de Mörk y était. Ils restèrent là deux nuits. Runolf et Ketil prièrent Thrain de s’arranger avec les fils de Njal. Mais Thrain répondit de travers : il dit que jamais il ne leur donnerait d’argent, et qu’il était bien de taille à leur tenir tête, partout où ils se rencontreraient. « C’est possible, dit Runolf, mais moi je suis d’avis qu’ils n’ont pas leur pareil, depuis que Gunnar de Hlidarenda est mort ; et il est à croire qu’il s’ensuivra mort d’homme des deux côtés. » Thrain dit qu’il n’en avait pas peur.

Alors Thrain partit pour Mörk, où il passa deux nuits. Puis il revint à Dal. À l’un et l’autre endroit, on lui fit au départ de beaux présents.

Les bords du Markarfljot étaient gelés, et il y avait des banquises de glace, çà et là, au travers de la rivière.

Thrain dit qu’il voulait retourner chez lui ce soir-là. Runolf lui dit de n’en rien faire, qu’il serait plus prudent de ne pas marcher au jour qu’il avait dit. « Ce serait avoir peur, répond Thrain, et je ne veux pas de cela. »

Les mendiantes auxquelles Thrain et ses hommes avait fait passer l’eau, vinrent à Bergthorshval. Bergthora leur demanda de quel pays elles étaient. Elles dirent qu’elles venaient de l’est, du pays qui est sous l’Eyjafjöll. « Qui vous a fait passer la rivière ? » demanda Bergthora. — « Des hommes magnifiquement vêtus » dirent-elles. — « Qui étaient-ils ? » dit Bergthora. — « Thrain fils de Sigfus, dirent-elles, et les hommes de sa suite. Et il nous a semblé qu’ils disaient beaucoup de mauvaises paroles sur ton mari et ses fils. » « On n’entend pas toujours sur