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la saga de nial

instant seulement. Ils virent que le jarl était grandement en colère. Il dit à Thrain : « Livre-moi Hrap ; car je sais que tu l’as caché. » « Où l’aurais-je caché, seigneur ? » dit Thrain. — « Tu le sais mieux que personne, dit le jarl ; mais s’il faut que je le dise, je crois que tu l’avais caché tout à l’heure dans ces tonnes d’eau qui étaient le long du vaisseau. » « Je ne tiens pas, seigneur, à passer pour menteur à vos yeux, dit Thrain ; j’aime mieux que vous cherchiez dans mon vaisseau. » Le jarl monta sur le vaisseau ; il chercha, et ne trouva rien. « M’en tenez-vous quitte maintenant, seigneur ? dit Thrain. » « Point du tout, dit le jarl ; mais je ne sais pourquoi nous ne pouvons pas le trouver : il m’a semblé que je voyais clair dans tout ceci sitôt que j’ai été à terre ; mais depuis que je suis ici je ne vois plus rien. » Et il fait de nouveau ramer vers le rivage. Il était si fort en colère qu’il n’y avait pas à lui parler. Son fils Svein était avec lui. « C’est une étrange façon de faire, dit-il, que de décharger sa colère sur des gens qui n’ont rien fait de mal ».

Alors le jarl s’éloigna encore des autres, puis il revint et dit : « Aux rames encore une fois, et allons les retrouver ». Ainsi fut fait. « Où donc était-il caché ? » dit Svein. « Cela importe peu à présent, dit le jarl, car il ne doit plus y être. Il y avait deux sacs près de l’ouverture de la cale, et Hrap était dans la cale à leur place. »

« Voici qu’ils remettent leur barque à l’eau, dit Thrain, ils vont revenir vers nous. Il faut le faire sortir de la cale, et mettre autre chose à la place ; mais nous laisserons les deux sacs dehors. » Ils le firent. Alors Thrain dit : « Cachons Hrap dans la voile qui est roulée autour de la vergue. » Et ainsi fut fait. À ce moment le jarl arrive. Il était plus en colère que jamais : « Me livreras-tu cet homme maintenant, Thrain ? dit-il. C’est sérieux cette fois. » « Il y a longtemps que je vous l’aurais livré, répond Thrain