Page:La Saga de Nial, trad. Dareste, 1896.djvu/184

Cette page a été validée par deux contributeurs.
164
la saga de nial

LXXXVIII

Cet été là les fils de Njal arrivèrent en Norvège, venant des îles Orkneys. Ils vinrent aux foires qui se tiennent là, et y attendirent Kari fils de Sölmund, comme il était convenu entre eux.

En même temps, Thrain fils de Sigfus mettait son vaisseau en état de partir pour l’Islande, et il avait presque fini. À ce moment, le jarl Hakon vint à un festin chez Gudbrand. Pendant la nuit, Hrap le meurtrier vint au temple du jarl et de Gudbrand. Il entra. Il vit, assise dans le temple, Thorgerd la fiancée, aussi grande qu’un homme de haute taille. Elle avait un large anneau d’or au bras, et un voile sur la tête. Il lui arrache son voile et lui prend son anneau. Il voit encore le char de Thor et vient lui prendre un autre anneau d’or. Puis il en prit un troisième à Irpa. Après quoi il les traîna tous dehors et leur prit tous leurs vêtements. Ensuite il mit le feu au temple, qui brûla tout entier. Il s’en alla là-dessus. Le jour commençait à poindre. Comme il traversait un champ, six hommes armés sautèrent sur lui, et l’attaquèrent. Il se défendit bien, et voici quelle fut l’issue du combat : Hrap avait tué trois hommes, blessé Thrand à mort, les deux autres s’enfuirent vers le bois, et nul ne resta pour en porter la nouvelle au jarl. Il s’approcha de Thrand et lui dit : « Il est en mon pouvoir de te tuer, mais je ne le ferai pas : je me souviendrai mieux que vous de notre alliance. » Là-dessus il veut s’enfuir vers le bois. Mais il voit des hommes entre le bois et lui. Il n’ose donc s’en aller de ce côté. Il se couche à terre, sous un fourré, et y reste quelque temps caché.

Le jarl Hakon et Gudbrand s’en allèrent ce matin-là de bonne heure à leur temple. Ils le trouvèrent brûlé, les trois dieux dehors et tous les objets précieux disparus. « Nos dieux sont de puissants dieux, dit Gudbrand ; ils sont sortis tout seuls du feu. » « Ce