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la saga de nial

sans qu’ils eussent pu le saisir. Gudbrand rassembla du monde et fit fouiller le bois ; et on ne l’y trouva point, car le bois était grand et épais.

Hrap s’en alla dans le bois jusqu’à une clairière. Il trouva là un domaine avec une maison, et un homme dehors qui fendait du bois. Il demanda son nom à cet homme, et l’homme dit qu’il se nommait Tofi. Tofi lui demanda le sien, et Hrap le lui dit. Hrap demanda pourquoi il habitait si loin des autres hommes. « Pour avoir à disputer le moins possible avec eux » répondit-il. — « Nous perdons notre temps en paroles inutiles, dit Hrap ; il faut d’abord que je te dise qui je suis : j’étais chez Gudbrand à Dal, j’ai fui de chez lui, parce que j’avais tué son intendant. Je sais que nous sommes tous deux des malfaiteurs, car tu ne serais pas venu ici loin des autres hommes, si tu n’étais proscrit pour quelque meurtre ; je te laisse donc le choix : ou bien je te dénoncerai, ou bien tu partageras avec moi tout ce qui est ici. » Tofi répondit : « Tu as dit vrai ; j’ai enlevé la femme qui est ici avec moi, et bien des gens ont été à ma recherche. » Et il fit entrer Hrap avec lui. La maison était petite, mais bien bâtie. Tofi dit à sa femme qu’il avait pris Hrap avec lui. « Il arrivera malheur à plus d’un, à cause de cet homme, dit-elle ; mais c’est à toi de décider ».

Hrap resta donc là. Il allait et venait beaucoup, et n’était jamais à la maison. Il trouvait moyen de se rencontrer avec Gudrun. Le père et le fils, Thrand et Gudbrand, le guettaient, mais ils n’arrivèrent jamais à s’emparer de lui : il se passa ainsi toute une demi-année.

Gudbrand fit dire au jarl Hakon l’affront que Hrap lui avait fait. Le jarl fit déclarer Hrap proscrit, et mit sa tête à prix. Il promit en outre de se mettre lui-même à sa recherche, mais il n’en fit rien ; il pensait que les autres le prendraient bien tout seuls, puisqu’il se tenait si peu sur ses gardes.