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la saga de nial

« Chacun a ses hauts faits dont il peut tirer gloire. Voici que la renommée de ma femme effacera la mienne. Il ne sera pas dit qu’un chef comme moi ait prié pour si peu de chose. La femme est avide d’or, ce pain des dieux. Ce qu’elle fait là, il fallait l’attendre d’elle ».

« Chacun a de quoi se vanter, dit Gunnar ; je ne te prierai pas davantage ». — « Tu fais mal, dit Ranveig à Halgerd, et ta honte durera longtemps. »

Gunnar se défendit bien et vaillamment. Il blessa encore huit hommes, leur faisant de si graves blessures que plusieurs en moururent. Il se défendit jusqu’au moment où il tomba de fatigue. Alors ils lui firent mainte blessure profonde. Pourtant il se tira encore de leurs mains, et se défendit encore quelque temps. Enfin il arriva qu’ils le tuèrent.

Thorkel le Skald d’Elfara chanta sa défense dans ces vers :

« Nous avons entendu conter la défense que fit Gunnar le vaillant, au Sud de l’Islande, Gunnar qui fendait la mer avec la proue de ses vaisseaux. Il en a blessé seize de ceux qui l’attaquaient ; et il en a tué deux. »

Et Thormod fils d’Olaf :

« Parmi ceux qui jettent l’or à pleines mains sur la terre d’Islande, aucun ne s’est acquis, aux temps païens, plus de gloire que Gunnar. Il a pris, le briseur de casques, deux vies dans le combat. Ses armes en ont blessé douze, et quatre autres encore. »

« Nous avons mis par terre un vaillant guerrier, dit Gissur ; il nous en a coûté bien de la peine, et on se rappellera sa défense tant qu’il y aura des habitants dans ce pays. » Puis il alla trouver Ranveig : « Veux-tu, lui dit-il, accorder de la terre à nos deux hommes qui sont morts, pour qu’on leur élève ici un tombeau ? » « Je l’accorde d’autant mieux pour ces deux-là, dit-elle, que je voudrais faire de même pour vous tous. » « Tu es excusable de parler