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la saga de nial

décidèrent d’aller attaquer Gunnar ; ils se donnèrent la main, et portèrent une peine contre quiconque se retirerait de l’entreprise. Mörd fut chargé d’épier le meilleur moment pour attaquer Gunnar. Ils étaient quarante dans le complot, et ils pensaient qu’ils n’auraient pas de peine à venir à bout de Gunnar, maintenant que Kolskegg, et Thrain, et tous ses autres amis étaient au loin.

Les gens quittèrent le ting et retournèrent chez eux.

Njal vint trouver Gunnar. Il lui dit sa mise hors la loi, et l’attaque décidée contre lui. « Grand bien te fasse de m’en avertir » dit Gunnar. — « Je veux, dit Njal, que Skarphjedin vienne chez toi, et aussi mon autre fils Höskuld, et qu’ils donnent leur vie pour défendre la tienne ». — « Et moi, dit Gunnar, je ne veux pas que tes fils soient tués à cause de moi ; tu mérites de moi autre chose ». — « Cela ne servira de rien, dit Njal : quand tu seras mort, les querelles viendront bien là où seront mes fils ». — « Cela est à prévoir, dit Gunnar, mais je ne voudrais pas en être cause. Je vous fais une demande, à toi et à tes fils, c’est de veiller sur mon fils Högni. Je ne parle pas de Grani, car il ne fait rien à ma guise ». Njal dit qu’il le ferait, et retourna chez lui.

On raconte que Gunnar alla à toutes les assemblées et aux tings où on vote la loi, et que nul de ses ennemis n’osa l’attaquer. Ainsi pendant quelque temps il allait et venait comme un homme qui n’aurait jamais été mis hors la loi.

LXXVI

Quand vint l’automne, Mörd fils de Valgard fit savoir que Gunnar devait être seul chez lui, tout son monde étant allé aux îles finir les foins. Gissur le blanc et Geir le Godi se mirent en route pour l’ouest dès qu’ils surent la nouvelle ; ils passèrent les rivières, et vinrent à travers les sables, jusqu’à Hofi. Là, ils