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la saga de nial

père de leur permettre de partir. « Le voyage vous sera dangereux, dit Njal, au point que vous ne serez pas sûrs d’en revenir la vie sauve, vous y gagnerez pourtant de l’honneur et de la renommée. Mais il faut s’attendre à ce qu’il s’ensuive de grandes querelles à votre retour ». Ils continuèrent à demander de partir, et les choses en vinrent au point qu’il leur dit de faire comme ils voudraient. Ils prirent donc passage sur le vaisseau de Bard le noir et d’Olaf, fils de Ketil, d’Elda. Il n’y avait qu’une voix pour dire que les meilleurs hommes du district partaient tous à la fois.

Cependant les fils de Gunnar, Högni et Grani, étaient arrivés à l’âge d’homme. Ils étaient d’humeur très différente : Grani avait beaucoup de l’humeur de sa mère, mais Högni était bon et doux.

Gunnar fait porter au vaisseau ses bagages et ceux de son frère. Et quand toutes les provisions sont embarquées, et le vaisseau prêt à mettre à la voile, Gunnar s’en va à Bergthorshval et aux autres domaines dire adieu à tous et remercier de leur aide ceux qui avaient pris son parti. Le jour suivant, de bonne heure, il s’apprête à partir et dit à tout le monde qu’il s’en va pour de bon. Et cela leur fit grande peine à tous, quoiqu’ils eussent bonne espérance de le voir revenir plus tard. Quand Gunnar est prêt, il embrasse ses hommes l’un après l’autre, et ils sortent tous avec lui. Il pique en terre sa hallebarde, saute en selle, et lui et Kolskegg s’en vont au galop.

Ils chevauchent le long du Markarfljot. Voilà que le cheval de Gunnar fait un faux pas, et le jette à terre. Il tourne les yeux vers la colline, et le domaine de Hlidarenda. « Ma colline est belle, dit-il, jamais elle ne m’a semblé si belle, mes champs blanchissent, on rentre mes foins ; je vais retourner à la maison, et je ne m’en irai pas ». — Ne fais pas ce plaisir à tes ennemis, dit Kolskegg, de rompre la paix jurée ; nul n’aurait cru cela de toi. Songe qu’alors il t’arrivera