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la saga de nial

approché, il a tiré son épée, et il la brandit de façon terrible. Gunnar se tourne vers lui, vivement, et en grande colère. Il lui passe sa hallebarde au travers du corps, le lève en l’air, et le jette dans la Ranga. La rivière l’entraîna jusqu’au gué, où il s’accrocha à une pierre ; depuis lors on appelle ce gué le gué de Thorgeir.

Thorgeir fils de Starkad dit : « Fuyons maintenant, au point où nous en sommes nous ne pouvons plus vaincre. » Et ils prirent tous la fuite. « Poursuivons-les, dit Kolskegg ; prends ton arc et tes flèches, tu viendras bien à portée de Thorgeir fils de Starkad. »

Gunnar chanta : « Quand nous ne ferions pas plus de carnage que celui qui est fait déjà, nos bourses seraient bientôt vides, s’il faut payer pour tous ceux que nous avons couchés par terre. Écoute mes paroles, mon frère, en voilà assez. »

Gunnar répondit : « Notre bourse sera bientôt vide, s’il faut payer l’amende pour tous ces morts que voilà. » — « Tu ne manqueras jamais d’argent, répondit Kolskegg ; mais Thorgeir n’aura ni paix ni cesse, que ses machinations n’aient amené ta mort. »

Et Gunnar chanta : « Parmi tous ceux qui guerroyent sur les mers, il en faudra un meilleur que lui, pour m’arrêter sur mon chemin. Quand je m’avance, couvert de ma ceinture étincelante, je ne sais pas qui pourrait me faire trembler. »

« Il en faudra plus d’un comme lui sur ma route avant que j’aie peur » dit Gunnar. Après cela, ils retournent chez eux, et annoncent la nouvelle. Halgerd s’en réjouit, et les loua fort de la besogne qu’ils avaient faite. « Il se peut que ce soit de bonne besogne, dit Ranveig ; mais je me sens trop mal à l’aise pour croire que rien de bon en puisse sortir. »

LXXIII

La nouvelle se répandit au loin, et bien des gens eurent du regret de la mort de Thorgeir. Gissur le