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la saga de nial

charger de conclure la paix. Njal dit qu’il le ferait à la condition qu’il ne s’ensuivrait pas de trahison. Ils le prièrent d’être de ceux qui prononceraient la sentence, disant qu’ils s’en tiendraient à ce qu’il aurait prononcé. « Je ne prononcerai qu’au ting, dit Njal, en présence de nos meilleurs hommes. » Et ils consentirent à cela. Njal fut donc fait leur arbitre pour conclure entre eux et Gunnar paix et arrangement. Il devait prononcer la sentence, et s’adjoindre qui il voudrait.

Peu de temps après, les deux Thorgeir allèrent trouver Mörd fils de Valgard. Mörd les blâma fort d’avoir remis l’affaire à Njal, le plus grand ami de Gunnar ; il leur dit qu’ils s’en trouveraient mal.

Et voici que les hommes vont à l’Alting comme de coutume. Les deux parties y sont, chacun de son côté. Njal prit la parole : « Je demande, dit-il, à tous les chefs, et aux meilleurs hommes ici rassemblés, quelle action il leur semble qu’ait Gunnar contre les deux Thorgeir, pour attaque à sa vie ». Ils répondirent qu’à leur avis un homme comme Gunnar avait le bon droit pour lui. Njal demanda si c’étaient tous les hommes de la bande ou bien les chefs seuls qui devaient répondre de cette affaire. Ils dirent que c’étaient les chefs surtout, et tous les autres pourtant aussi, pour une bonne part. « Bien des gens seront d’avis, dit Mörd, qu’on n’a pas agi sans cause, car Gunnar avait rompu la paix avec les deux Thorgeir ». — « Ce n’est pas rompre la paix, dit Njal, que d’aller en justice contre un autre ; c’est avec la loi que notre pays se peuplera ; sans la loi nous en ferons un désert ». Et il leur dit que Gunnar avait offert des terres ou d’autres valeurs en échange de Moeidarhval. Alors les deux Thorgeir virent que Mörd les avait trompés. Il lui firent de grands reproches et dirent qu’il leur paierait cette perte.

Njal désigna douze hommes pour prononcer la sentence. Il y eut cent pièces d’argent à payer pour