Page:La Saga de Nial, trad. Dareste, 1896.djvu/149

Cette page a été validée par deux contributeurs.
129
la saga de nial

ajoute-t-il, me trouver avec douze hommes, j’en aurai autant de mon côté. » Après cela, Thorgeir retourna chez lui.

LXIX

Les serviteurs et Kolskegg étaient depuis trois nuits déjà dans les îles, quand Thorgeir fils de Starkad, en eut la nouvelle. Il fit dire à l’autre Thorgeir de venir à sa rencontre à la pointe de Trihyrning. Puis il partit de Trihyrning, lui douzième. Il monte sur la pointe et attend là l’autre Thorgeir. À ce moment, Gunnar est seul dans son domaine. Les deux Thorgeir chevauchent, traversant les bois.

Et voici que le sommeil les prit, et ils ne purent faire autrement que de dormir. Ils pendirent leurs boucliers aux branches, attachèrent leurs chevaux, et mirent leurs armes à côté d’eux.

Cette nuit-là, Njal était à Thorolfsfell ; il ne pouvait pas dormir, et sortait et rentrait sans cesse. Thorhild demanda à Njal pourquoi il ne dormait pas. « Il me passe toutes sortes de choses devant les yeux, dit-il, je vois quantité de fantômes horribles, ceux des ennemis de Gunnar. Et c’est une chose singulière : ils vont comme des furieux, et pourtant ils ne savent pas où ils vont. »

Peu après, un homme arriva devant la porte. Il descendit de cheval et entra ; c’était le berger de Thorhild. « As-tu trouvé les moutons ? » demanda-t-elle. — « J’ai trouvé quelque chose qui vaut mieux, je pense » dit-il. — « Qu’était-ce ? » dit Njal. — « J’ai trouvé vingt-quatre hommes, dit-il, dans le bois là-haut. Ils avaient attaché leurs chevaux et dormaient. Leurs boucliers étaient pendus aux branches. » Et il avait regardé de si près qu’il dit les armes et les habits de chacun. Alors Njal sut au juste qui ils étaient tous. Il dit à l’homme : « Tu es un bon serviteur, et il nous en faudrait beaucoup de pareils. Tu t’en trouveras bien ; mais à présent je vais te donner un message. »