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la saga de nial

un javelot incrusté d’or, puis il retourna chez lui. Ils firent ensemble la plus étroite amitié.

Au ting de Tingskala, l’automne suivant, Kolskegg introduisit son instance pour les terres de Moeidarhval. Gunnar de son côté, prit des témoins, après quoi il offrit aux gens de Trihyrning de l’argent ou d’autres terres, après estimation légale. Alors Thorgeir prit des témoins de ce fait, que Gunnar rompait la paix conclue avec lui et son père. Après cela le ting prit fin.

Et voici qu’une demi-année se passe. Les deux Thorgeir se voient sans cesse, et ils ont l’un pour l’autre la plus grande tendresse.

Kolskegg dit à Gunnar : « On m’a dit qu’il y avait grande amitié entre Thorgeir fils d’Otkel et Thorgeir fils de Starkad ; c’est l’avis de bien des gens qu’il ne faut pas s’y fier ; et je voudrais te voir prendre garde à toi. » — « La mort viendra à moi, dit Gunnar, en quelque endroit que je sois, si c’est mon destin. » Et ils n’en dirent pas davantage.

À l’automne, Gunnar décida qu’on travaillerait une semaine à la maison, et une autre en bas dans les îles, pour finir de rentrer les foins. Tous les hommes durent quitter le domaine, hormis lui et les femmes.

Thorgeir de Trihyrning alla trouver l’autre Thorgeir. Sitôt qu’ils se rencontrèrent, ils s’en allèrent à l’écart, comme d’habitude. Thorgeir fils de Starkad dit : « Je pense qu’il faut nous armer de courage, et attaquer Gunnar. » — « Les rencontres avec Gunnar, répondit Thorgeir fils d’Otkel, n’ont eu qu’une seule et même fin jusqu’ici, et peu de gens en sont revenus vainqueurs, et puis je trouve mauvais d’être appelé parjure. » — « C’est eux qui ont rompu la paix, et non pas nous, dit Thorgeir fils de Starkad ; Gunnar t’a pris ton champ, et il a pris Moeidarhval à moi et à mon père. » Ils conviennent donc d’aller attaquer Gunnar. Thorgeir fils de Starkad dit qu’à quelques nuits de là Gunnar sera seul chez lui : « Viens alors, ajoute-