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la saga de nial

jurés là où il avait à en nommer neuf. Les autres avaient donc ce cas de nullité pour eux. Alors Gunnar dit : « Je te défie en combat singulier dans l’île, Ulf fils d’Uggi, puisqu’il n’y a plus moyen de se faire rendre justice. » — « Ce n’est pas à toi que j’ai à faire » dit Ulf. — « Cela revient au même, dit Gunnar ; Njal et Helgi mon ami seront d’avis que je dois prendre en main la cause d’Asgrim, quand ils ne sont pas là. » Et le procès finit de telle sorte, qu’Ulf eut à payer toute la somme. Alors Asgrim dit à Gunnar : « Je t’invite à venir chez moi cet été, et je serai avec toi dans toutes les querelles et jamais contre toi. »

Gunnar quitta le ting, et retourna chez lui. À quelque temps de là, ils se rencontrèrent, lui et Njal. Njal pria Gunnar de se tenir sur ses gardes. Il avait ouï dire que ceux de Trihyrning méditaient de marcher contre lui, et il l’engagea à ne jamais sortir sans être en nombre, et à porter toujours ses armes avec lui. Gunnar dit qu’ainsi ferait-il. Il dit à Njal qu’Asgrim l’avait invité chez lui : « et mon intention, ajouta-t-il, est d’y aller cet automne. » — « Que personne ne le sache avant ton départ, dit Njal ; ni combien de temps tu resteras au loin. Je t’offrirai en outre que mes fils fassent le chemin avec toi. De la sorte il est à croire qu’ils ne t’attaqueront pas. » Ils convinrent donc qu’il en serait ainsi.

L’été se passa, et voici qu’il n’y avait plus que huit semaines jusqu’à l’hiver. Alors Gunnar dit à Kolskegg : « Apprête-toi à partir, car nous allons à Tunga, où nous sommes invités. » — « Ne le ferai-je pas dire aux fils de Njal ? » dit Kolskegg. — « Non, dit Gunnar, il ne faut pas qu’il leur arrive malheur à cause de moi. »

LXI

Ils chevauchaient tous trois, Gunnar et ses frères. Gunnar avait sa hallebarde et son épée, présent