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la saga de nial

tomba sans connaissance. Gunnar s’approcha de son cheval et dit à Kolskegg : « Tue-le ; il ne faut pas qu’il vive mutilé. » Kolskegg coupa la tête du cheval. À ce moment Thorgeir se releva. Il prit ses armes et voulut se jeter sur Gunnar. On l’en empêcha, et il se fit un grand tumulte. « Cette mêlée me dégoûte, dit Skarphjedin ; il convient mieux à des hommes de se battre avec des armes. » Et il chanta :

« Il y a presse au ting ; la foule grossit et passe toute mesure. Il y aura peine à terminer les querelles de tous ces hommes. Il est plus digne de vaillants guerriers de teindre leurs armes dans le sang. J’aimerais mieux avoir à dompter les féroces petits de la louve. »

Gunnar était si tranquille qu’un homme le tenait sans peine, et il ne disait pas une seule mauvaise parole. Njal dit qu’il fallait s’arranger et faire la paix : Thorgeir répondit qu’il ne donnerait ni recevrait de paix ; qu’il voulait la mort de Gunnar pour le coup qu’il en avait reçu. « Gunnar a été trop solide jusqu’ici, dit Kolskegg, pour tomber devant une parole, et il l’est encore. »

Alors les hommes quittent le lieu du combat et s’en vont chacun chez soi. Ils ne firent nulle entreprise contre Gunnar. Et l’hiver se passa ainsi.

L’été suivant, au ting, Gunnar rencontra Olaf Paï, son parent. Olaf l’invita chez lui et l’engagea à se tenir sur ses gardes : « car ils te feront, dit-il, tout le mal qu’ils pourront. Va toujours bien accompagné. » Olaf lui donna quantité de bons conseils, et ils firent entre eux très grande amitié.

LX

Asgrim fils d’Ellidagrim avait un procès à poursuivre devant le ting. C’était une affaire d’héritage. Il avait pour adversaire dans ce procès Ulf fils d’Uggi. Il arriva à Asgrim, ce qui lui était arrivé rarement, qu’il y avait un de cas de nullité dans son affaire. Et la nullité consistait en ceci qu’il avait nommé quatre