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la saga de nial

silencieux, méfiant, et véridique dans toutes ses paroles.

Et voilà que les hommes partent pour le combat de chevaux, et il est venu là une foule nombreuse. Il y avait Gunnar et ses frères avec les fils de Sigfus, Njal et tous ses fils. Starkad était venu avec ses fils, Egil avec les siens.

Ils dirent à Gunnar qu’il était temps d’amener les chevaux. Gunnar répondit qu’il voulait bien. Skarphjedin dit : « Veux-tu de moi pour faire combattre ton cheval, ami Gunnar ? » — « Je ne veux pas » dit Gunnar. — « Cela vaudrait mieux pourtant, dit Skarphjedin ; on a pris des deux côtés la chose fort à cœur. » — « Vous auriez peu de chose à dire ou à faire, dit Gunnar, avant qu’un malheur n’arrive ; avec moi il viendra plus tard, quoique cela revienne au même, à la fin. »

Après cela on amena les chevaux. Gunnar s’apprêta à faire combattre le sien, que Skarphjedin amenait. Gunnar était en casaque rouge ; il avait autour du corps une large ceinture d’argent et un long aiguillon à la main. Les chevaux coururent l’un sur l’autre, et ils se mordirent longtemps sans qu’il fût besoin de les exciter, et les gens y prenaient grand plaisir. Alors Thorgeir et Kol convinrent ensemble de pousser leur cheval en avant, au moment où les chevaux se rueraient l’un sur l’autre, et de voir s’ils pourraient faire tomber Gunnar. Et voici que les chevaux se ruent l’un sur l’autre ; Thorgeir et Kol courent à côté de leur cheval et l’excitent tant qu’ils peuvent. Gunnar pousse le sien contre eux, et en un clin d’œil, Thorgeir et Kol tombent tous deux à la renverse, et le cheval par dessus. Ils se relèvent vivement et courent à Gunnar. Gunnar se jette de côté ; il saisit Kol et le lance contre terre si fort qu’il reste là, sans connaissance. Alors Thorgeir fils de Starkad, frappa le cheval de Gunnar, et du coup lui fit sauter un œil. Gunnar frappa Thorgeir de son aiguillon, et Thorgeir