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la saga de nial

Ranveig, la mère de Gunnar, l’entendit. Elle arriva et dit : « Te voilà bien en colère, mon fils ; jamais je ne t’ai vu ainsi ». Gunnar sortit : il frappa de sa hallebarde contre terre, sauta en selle et partit.

Ranveig alla dans la chambre. On y parlait à haute voix. « Vous parlez haut, dit-elle, mais la hallebarde chantait encore plus fort, quand Gunnar est parti ». Kolskegg l’entendit : « C’est signe, dit-il, qu’il y aura de grosses nouvelles ». — « C’est bon, dit Halgerd. Ils vont voir si c’est vrai qu’ils l’ont fait pleurer ».

Kolskegg prend ses armes, va chercher un cheval, et court après Gunnar, le plus vite qu’il peut. Gunnar galope à travers l’Akratunga, il arrive à Geilastofna, de là à la Ranga, et il descend jusqu’au gué qui est près de Hofi. Il y avait là des femmes, à l’endroit où on trait les vaches. Gunnar sauta à bas de son cheval et l’attacha. Et voici que les autres arrivèrent. Le chemin qui menait au gué était plein de pierres couvertes de boue.

Gunnar leur dit : « Il faut se défendre, et voici la hallebarde. Vous allez voir maintenant si jamais vous me faites pleurer ». Ils sautèrent tous à terre et vinrent à Gunnar. Halbjörn était en avant. « N’approche pas, dit Gunnar ; tu es le dernier à qui je veuille faire du mal ; mais je n’épargnerai personne, si j’ai à défendre ma vie ». — « Je n’en ferai rien, dit Halbjörn, tu veux tuer mon frère, et ce serait une honte, si j’étais assis à te regarder », et des deux mains il pointe sur Gunnar un énorme javelot. Gunnar mit son bouclier devant lui, mais le javelot d’Halbjörn passa au travers. Gunnar jeta le bouclier avec tant de force, qu’il resta planté en terre, puis il prit son épée, si vite que l’œil ne pouvait le suivre, et en frappa Halbjörn. L’épée toucha le bras d’Halbjörn au dessus du poignet, et le lui trancha. Skamkel accourut par derrière, levant sur Gunnar une grande hache. Gunnar se retourna vivement et pointa vers lui sa hallebarde. Elle entra dans le creux