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la saga de nial

étoffe et sa hache, et il sema ainsi pendant quelque temps.

Il faut revenir à Otkel qui va toujours plus vite qu’il ne voudrait. Il a ses éperons aux pieds, et il galope à travers le champ, et ils ne se voient ni l’un ni l’autre, Gunnar et lui. Et à un moment où Gunnar se relève, Otkel arrive sur lui, au galop ; son éperon touche à l’oreille de Gunnar et y fait une large déchirure, et le sang coule à grands flots. À ce moment arrivent les compagnons d’Otkel. « Vous pouvez tous voir, dit Gunnar, qu’Otkel m’a blessé jusqu’au sang. Tu ne cesses de m’insulter, Otkel ; tu as commencé par me citer en justice, et maintenant tu me foules aux pieds de ton cheval ». Skamkel dit : « C’est bien fait, maître Gunnar ; tu n’étais pas moins en colère qu’aujourd’hui, au ting, quand tu as consenti à prononcer la sentence, et que tu tenais ta hallebarde ». Gunnar dit : « La prochaine fois que nous nous rencontrerons, tu la verras, ma hallebarde ». Et là-dessus ils se séparèrent. Skamkel poussait des cris de joie et disait : « Bien galopé, camarade ». Gunnar rentra chez lui et ne parla de rien à personne, et nul ne se douta que sa blessure eût été faite de main d’homme.

Un jour il arriva qu’il le dit à son frère Kolskegg. Kolskegg dit : « Il faut conter cela à d’autres, de peur qu’on ne dise un jour que tu accuses des morts ; on te fera bien des querelles, s’il n’y a pas de témoins qui aient su auparavant ce qui s’est passé entre vous ». Gunnar dit donc la chose à ses voisins, et d’abord on en parla peu.

Otkel arriva à Dal, dans le pays de l’est. Il y fut bien reçu, lui et les siens, et ils furent là une semaine. Otkel dit à Runolf tout ce qui s’était passé entre lui et Gunnar. Quelqu’un demanda comment Gunnar s’était comporté. Skamkel dit : « Si c’était un homme de peu, on pourrait dire qu’il a pleuré ». — « C’est mal parlé, dit Runolf, et la prochaine fois