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la saga de nial

consens à prononcer. » — « Je l’ai offert il y a quelque temps, dit Gunnar, mais l’affaire me semble plus grave à présent. »

Njal dit : « Tu ne peux refuser de prononcer toi-même : plus grave est l’affaire, plus grand sera l’honneur ». Gunnar dit : « Pour l’amour de mes amis je consens à prononcer. Mais je donnerai un conseil à Otkel : c’est qu’il ne me cherche plus querelle à l’avenir ». Alors on envoya chercher Höskuld et Hrut, et ils arrivèrent de suite. Gissur prêta serment, et Geir le Godi aussi. Et Gunnar prononça sa sentence, et il n’avait pris conseil de personne avant de la prononcer. « Voici ma sentence, dit-il ; je paierai la valeur de la cabane et des vivres qu’elle renfermait. Pour l’esclave je ne veux point donner d’amende, car tu m’as caché ses défauts. Je décide que tu le reprendras, Otkel ; car c’est là où elles ont poussé que les oreilles vont le mieux. J’estime d’autre part que vous m’avez fait injure en me citant en justice, et comme compensation je ne m’adjuge rien moins que la valeur entière de la cabane, et de ce qui a brûlé dedans. Et si vous aimez mieux ne pas faire d’arrangement entre nous, je vous en laisse le choix. Mais alors j’ai pris mon parti ; et je le mettrai à exécution ». Gissur répondit : « Nous voulons bien que tu n’aies rien à payer ; mais nous te prions d’être l’ami d’Otkel ». — « Cela ne sera jamais, dit Gunnar, tant que je vivrai. Qu’il ait l’amitié de Skamkel : il s’en est longtemps si bien trouvé ». Gissur répondit : « Terminons donc l’affaire, quoique tu aies seul prononcé ». Et ils mirent fin à l’affaire en se donnant la main. Gunnar dit à Otkel : « Tu ferais bien de rentrer dans ta famille, mais si tu veux rester ici, fais en sorte de ne pas me chercher querelle ». Gissur dit : « Le conseil est sage, et c’est ce qu’il fera ». Gunnar se fit grand honneur dans cette affaire. Après cela les hommes quittèrent le ting et retournèrent chez eux.