Page:La Saga de Nial, trad. Dareste, 1896.djvu/109

Cette page a été validée par deux contributeurs.
89
la saga de nial

l’esclave, celui-ci fit toutes choses de mal en pis. Otkel parlait souvent de cela avec Halbjörn, son frère, disant qu’il lui semblait que l’esclave faisait peu de bonne besogne. Mais son frère répondait qu’il y aurait pis encore.

Dans ces temps-là, il vint une grande disette. Les gens manquèrent à la fois de foin et de vivres, et c’était ainsi dans tous les cantons de l’Islande. Gunnar vint en aide à beaucoup de gens en leur donnant du foin et des vivres ; et tous ceux qui venaient chez lui en eurent tant qu’il en eut, si bien qu’il vint à manquer aussi de foin et de vivres. Alors Gunnar fit demander à Kolskegg de venir avec lui, et aussi au fils de Sigfus, et à Lambi, fils de Sigurd. Ils allèrent à Kirkjubæ et appelèrent Otkel au dehors. Il les salua. Gunnar dit : « Les choses en sont au point que je suis venu t’acheter du foin et des vivres si tu en as ». Otkel répondit : « J’ai l’un et l’autre, mais je ne te vendrai ni l’un ni l’autre ». — « Veux-tu m’en donner alors, dit Gunnar, et courir la chance que je puisse te revaloir cela ? » — « Je ne veux pas », dit Otkel. Skamkel était là, qui lui donnait de mauvais conseils. Thrain, fils de Sigfus, dit : « Vous méritez que nous prenions de force le foin et les vivres, en laissant le prix à la place ». — « Les gens de Mosfell seront tous morts, dit Skamkel, quand vous autres fils de Sigfus ferez de pareilles pilleries ». — « Nous ne pillerons jamais personne », dit Gunnar. — « Veux-tu m’acheter un esclave ? » dit Otkel. — « Je ne refuse pas », dit Gunnar. Après cela Gunnar acheta l’esclave, et s’en alla.

Njal apprit cela et dit : « C’est mal fait de refuser de vendre à Gunnar. Il n’y a rien de bon à attendre pour les autres là où des hommes comme lui n’ont pas ce qu’ils demandent ». Bergthora sa femme lui dit : « Que parles-tu tant ? Ce serait plus agir en homme de lui donner du foin et des vivres, car tu ne manques ni de l’un ni de l’autre ». Njal répondit : « Cela est clair