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la saga de nial

barbons couverts de fumier. Chante-nous une chanson là-dessus, Sigmund. Puisque tu es un skald, que cela nous serve à quelque chose ». — « Je suis tout prêt » dit-il, et il chanta :

« Pourquoi laisser ces barbons couverts de fumier, qui n’ont ni cœur ni vaillance, clouer les poignées de leurs boucliers ? Ô femme resplendissante, ils ne pourront pas, ces misérables, éviter mes paroles de mépris. »

« Le vieux apprendra nos paroles de moquerie. On lui redira bientôt, au drôle sans barbe, ce que nous avons dit de lui. Je choisis pour eux mes meilleures injures. Il n’y en a pas qui soient dignes de ces barbons couverts de fumier. »

« Voici que j’ai trouvé un nom qui leur convient. (Je romps à regret la paix jurée), je l’ai nommé, le drôle. Disons-le tout d’une voix, pour que les gens s’en souviennent. Appelons-le le drôle sans barbe ».

« Tu es un trésor, dit Halgerd, de m’obéir comme tu le fais ».

À ce moment Gunnar entra. Il s’était trouvé dehors, devant la chambre des femmes, et il avait entendu toutes leurs paroles. Ils eurent grand’peur quand ils le virent entrer. Ils se turent tous, mais avant il y avait eu de grands éclats de rire. Gunnar était fort en colère, et il dit à Sigmund : « Tu es un insensé et un homme de malheur. Tu insultes les fils de Njal, et Njal lui-même, ce qui est pis, et cela, après ce que tu as fait déjà ; ce sera ta perte. Mais si quelque homme redit ces paroles que tu as dites, il sera chassé, et ma colère retombera sur lui ». Et il leur faisait si grand’peur à tous que nul n’osa redire ces paroles. Après cela il s’en alla.

Les mendiantes se dirent entre elles qu’elles auraient une récompense de Bergthora, si elles lui disaient ceci. Elles y allèrent donc, et, sans qu’elle eût fait de questions, elles lui racontèrent en secret la chose.