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la saga de nial

Les fils de Njal rentrèrent ; et Skarphjedin demanda d’où venait tout ce bon argent que son père avait dans les mains. Njal dit : « Je vous annonce le meurtre de Thord votre père nourricier. Moi et Gunnar nous venons d’arranger l’affaire, et il a payé pour lui deux fois le prix d’un homme ». — « Qui l’a tué ? » dit Skarphjedin. — « Sigmund et Skjöld, et Thrain était là tout près » dit Njal. « Il leur fallait donc bien du monde » dit Skarphjedin ; et il chanta :

« Il n’était pas besoin, ce me semble, pour faire si peu de chose, de tant de guerriers, aux coursiers pleins d’ardeur. Quand lèverons-nous le bras ? Quand brandirons-nous nos épées ? Voici que de vaillants hommes ont rougi de sang leurs armes. Resterons-nous longtemps tranquilles ? »

« Nous n’en sommes pas loin, dit Njal, et alors on ne te retiendra pas ; mais je tiens beaucoup à ce que vous ne rompiez pas cette paix ». — « Nous la garderons donc, dit Skarphjedin ; mais s’il survient quoi que ce soit entre nous, nous nous rappellerons notre vieille haine ». — « Et je ne vous prierai pour personne » dit Njal.

XLIV

Voici que les hommes rentrent chez eux, venant du ting. Quand Gunnar arriva chez lui, il dit à Sigmund : « Tu es plus que je ne croyais un homme de malheur et tu emploies mal tes bonnes qualités. J’ai fait pourtant ta paix avec Njal et ses fils ; fais en sorte maintenant qu’il ne t’entre pas une autre mouche dans la bouche. Nous ne nous ressemblons guère, toi et moi. Tu aimes à railler et à dire du mal, et ce n’est pas mon humeur. Si tu t’entends si bien avec Halgerd, c’est que vous avez même humeur tous les deux ». Et Gunnar parla encore longtemps, lui faisant de grands reproches. Sigmund lui fit une bonne réponse, et dit qu’il suivrait mieux ses conseils à l’avenir