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celante , blanche comme un cygne — ma vue se trouble à cette pensée[1]. »

Ensuite ils franchirent la rivière et Helga et Gunnlaug causèrent quelque temps ensemble. Lorsqu’ils repassèrent l’eau, Helga s’arrêta et suivit longtemps des regards Gunnlaug qui dit cette strophe :

« La lune des sourcils — étincelante comme les regards d’un autour — de la Hrist aux superbes vêtements de toile et qui verse le jus des herbes, a rayonné sur moi du ciel resplendissant des sourcils — et le rayon des étoiles de la paupière qu’a lancé sur moi la Frid à parure d’or, a causé mon malheur et celui de la Hlin aux bracelets[2]. »

Après tous ces incidents les hommes quittèrent le thing pour retourner chez eux, et Gunnlaug resta à Gilsbakki, dans la maison paternelle. Or, un beau matin, en s’éveillant, il constata que tous, sauf lui, étaient levés. Voilà que douze hommes en armes entrèrent dans sa chambre. Hrafn, fils d’Önund, était venu. Gunnlaug sauta de son lit à l’instant et voulut saisir son épée. Mais Hrafn lui dit : « Le but de mon arrivée, tu vas l’apprendre. Tu m’as provoqué en duel, l’été passé, à l’Althing et la question ne te semblait pas définitivement tranchée. Aujourd’hui je veux te faire une propo-

  1. Les fils des hommes = nous ; le tronc du combat = l’homme (ici, Hrafn) ; l’arbre de la richesse, c.-à-d. l’arbre de l’or = la femme ; le pays des bagues = la main ; la Gunn (une déesse) étincelante = Helga.
  2. La lune des sourcils = l’œil. La Hrist (une déesse) désigne ici la femme et particulièrement Helga. Qui verse le jus des herbes : qui verse à boire aux festins. Le ciel des sourcils = le front. Les étoiles de la paupière = les yeux. La Frid (une déesse) = la jeune fille. La Hlin (une déesse) aux bracelets = la femme (Helga).