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nant je déclare que Hrafn est vaincu, puisqu’il est désarmé. » — « Et moi, je prétends que c’est toi le vaincu, » répliqua Hrafn, « puisque tu as été blessé. » À ces mots, Gunnlaug se mit fort en colère et s’écria que la question n’était pas tranchée. Illugi, son père, dit qu’il n’y avait plus rien à trancher. « Mon père, » reprit Gunnlaug, « je voudrais me rencontrer avec Hrafn une autre fois, quand tu seras trop loin pour venir nous séparer. » Là-dessus, les hommes rentrèrent dans leurs tentes.

Le jour suivant, le comité législatif[1] adopta une loi décrétant l’abolition des duels en Islande[2] : ce fut sur l’avis de tous les hommes les plus sages. La rencontre de Gunnlaug et de Hrafn est, en effet, le dernier duel qui ait eu lieu en Islande. Le lendemain, de bonne heure, Gunnlaug et Hermund s’en allèrent pour prendre un bain dans l’Oxara ; voilà qu’ils virent arriver sur l’autre bord de la rivière un grand nombre de femmes et parmi elles Helga la Belle. Hermund dit à Gunnlaug : « Vois-tu ces temmes et Helga, ta bien-aimée, là-bas sur l’autre rive ? » Gunnlaug répondit ; « Certes, je la vois, » et il dit la strophe :

« Elle naquit, cette femme, pour fomenter la discorde parmi les fils des hommes ; le tronc du combat en est cause ; je désirais ardemment posséder l’arbre de la richesse. Rien ne sert plus maintenant de contempler le pays des bagues de la Gunn étin-

  1. Le comité législatif (lögrétta), composé des godar ou magistrats locaux de toutes les parties de l’île, se réunissait ordinairement trois fois pendant la sessions des l’Althing, qui se tenait pendant toute la seconde moitié du mois de juin. C’est lui qui faisait et modifiait les lois, qui prenait les mesures administratives et toutes les décisions concernant l’intérêt public et les faisait interpréter par son président, le lögsögumadr.
  2. En 1006.