t-il, « pourquoi n’as-tu composé qu’un flokkr en l’honneur du roi ? ne te paraissait-il pas digne d’une drapa ? » Hrafn répondit : « Ne discutons pas davantage à ce sujet, » dit-il, « plus tard peut-être aurons-nous l’occasion d’en reparler. » Sur ces mots ils se quittèrent.
Peu de temps après, Hrafn fut admis à faire partie de la suite du roi Olaf et lui demanda l’autorisation de s’en aller à l’étranger. Le roi la lui accorda. Ensuite, étant sur le point de partir, Hrafn s’adressa à Gunnlaug : « C’en est fini de notre amitié, puisque tu veux m’avilir ici devant les princes ; le jour viendra où je te plongerai dans une humiliation non moins grande que celle que tu as voulu me causer. » — « Tes menaces ne m’émeuvent point, » répondit Gunnlaug, « et jamais on n’aura l’occasion de voir que je sois moins considéré que toi. » Hrafn reçut du roi Olaf de magnifiques présents d’adieu et partit.
Hrafn venant de l’est arriva à Thrandheim au printemps. Après avoir équipé son vaisseau, il repartit en été pour l’Islande et aborda dans la baie de Leiruvag[1], au nord de Heid[2]. Ses parents et amis se réjouirent de son retour. Hrafn resta l’hiver durant à la maison, auprès de son père. Or, en été, l’« homme de la loi » Skapti[3] et Hrafn, le scalde, liés par des relations de parenté, se rencontrèrent au thing. Hrafn dit : « Je voudrais obtenir ton appui pour solliciter de Thorstein Egilsson la main de sa fille Helga. » Skapti répondit : « N’est-elle pas la promise de Gunnlaug Langue de Serpent ? » — « Le délai, » reprit Hrafn, « dont ils étaient convenus, n’est-il pas écoulé ? Du reste, sa présomption est trop grande