Page:La Saga de Gunnlaug Langue de Serpent, trad. Wagner, 1899.djvu/64

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Gunnlaug dit : « Je voudrais savoir quelle réponse tu entends donner a ma demande concernant Helga, ta fille. » Thorstein répondit : « Je ne me préoccupe pas de tes vains propos. » — « Ce ne sont pas de vains propos » reprit Gunnlaug ; « je parle bien sérieusement et tu dois savoir ce que tu as l’intention de me répondre. » — « Tu devrais d’abord savoir toi-même ce que tu veux, » dit Thorstein ; « n’as-tu pas décidé de faire un voyage à l’étranger ? et voilà que tu fais comme si tu voulais prendre femme ? Il ne convient pas de songer à un mariage entre Helga et toi, tant que tu es si irrésolu, et il est inutile de prendre la chose en considération. » — « Quels sont donc tes projets au sujet du mariage de ta fille, si tu ne veux point la donner au fils d’Illugi le Noir ? Et y a-t-il dans le Borgarfjord un homme qui jouisse d’une meilleure réputation que moi ? » Thorstein répondit : « Je n’établis pas de comparaison ; mais si tu étais un homme comme ton père, tu ne serais pas éconduit. » — « À qui donc veux-tu la donner ici dans le Borgarfjord si ce n’est à moi ? » demanda Gunnlaug. Thorstein répondit : « Il y a ici un beau choix d’hommes. Thorfin de Raudimel a sept fils bien élevés ; entre eux et toi il n’y a pas de bien grande différence. » — « Aucun des deux, » riposta Gunnlaug, « ni Thorfin ni Önund n’approchent de la valeur de mon père ; toi-même tu dois manifestement lui céder le pas ; d’ailleurs que peux-tu faire prévaloir contre celui qui a osé engager un procès avec Thorgrim Kjallakson[1] ? » Thorstein répondit : « J’ai expulsé Steinar, fils d’Önund à la vue perçante, ce

  1. Le procès qu’Illugi le Noir avait intenté à Thorgrim Kjallakson et sa famille au sujet de la dot de sa femme Ingibjörg, se termina au thing de Thorsnes à l’avantage d’Illugi, grâce à l’intervention du godi Snorri, fils de Thorgrim.