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caché sous cette accumulation de figures tout au moins originales, on constate que la poésie scaldique atteste un art véritable. Il y a du mérite et une certaine grandeur dans cette richesse extraordinaire d’expressions typiques et dans cette étonnante variété de locutions ingénieuses. Si la strophe, par suite de son aspect mystérieux et de son obscurité quasi impénétrable, manque de charme au premier abord, il faut reconnaître toutefois que l’abondance des images et la profusion des termes éminemment poétiques impriment à ces chants un caractère qui n’est rien moins qu’inepte ou ridicule. Des littérateurs comme Vilmar y ont trouvé goût et Herder les a admirés.

La saga de Gunnlaug occupe, à juste titre, tant par la nature du contenu que par la forme de l’exposition, une place éminente parmi les productions littéraires de l’ancienne Islande. De nos jours encore on la lit avec ardeur dans les écoles de Norvège et de Suède. Les nombreuses éditions qui se sont succédé depuis un siècle, les traductions qui en ont été faites, ainsi que les œuvres d’imagination qui traitent le même sujet, attestent la popularité dont elle jouit dans les pays de langue germanique. Elle a été éditée pour la première fois en 1775 à la faveur d’un legs d’Arni Magnusson, le grand protecteur des lettres scandinaves, sous le titre suivant : Sagan af Gunnlaugi Ormstungu ok Skalld-Rafni, sive Gunnlaugi Vermilinguis et Rafnis Poetae vita. Ex Manuscriptis legati Magnaeani cum Interpretatione Latina, notis, Chronologia, tabulis Genealogicis et Indicibus, tam rerum, quam Verborum. Hafniae 1775. — Une seconde édition, due à Jón Sigurdsson, et très importante au point de vue de la critique du texte, est insérée dans la collection des Islendinga sögur II, pp. 187-276. Kjöbenhavn 1847. — Une édition danoise a paru, en 1862,