Page:La Saga de Gunnlaug Langue de Serpent, trad. Wagner, 1899.djvu/36

Cette page a été validée par deux contributeurs.

entre les années 1220 et 1260. C’est là ce qu’on peut appeler la période classique, qui vit naître les plus belles et les plus importantes des sagas, celles qui se distinguent par la perfection de la forme autant que par l’élévation des idées, la grandeur des caractères et la noblesse des sentiments : les sagas de Nial, d’Egil Skallagrimsson, de Frithjof le Fort, la Laxdoela saga, l’Eyrbyggja saga et d’autres. C’est à cette époque aussi que fut mise par écrit la saga de Gunnlaug Langue de Serpent.

Vouloir fixer d’une manière exacte la date de la rédaction première, serait une entreprise hasardeuse ; les données scientifiques précises font défaut. À ce sujet nous sommes donc réduits aux conjectures. Du reste, la question perd de son importance du moment que l’on veut bien renoncer à une détermination chronologique minutieuse — dont nous ne voyons pas l’utilité en cette matière — pour considérer les choses dans leur ensemble. Contentons-nous de savoir que la rédaction primitive remonte au milieu du XIIIe siècle. Le développement du dialogue, certains traits fantaisistes, tels que les rêves, l’habileté de l’intrigue, l’animation des scènes, la perfection du langage montrent jusqu’à l’évidence qu’elle appartient à l’époque de l’apogée de la prose islandaise.

Il serait facile de préciser davantage ce point, si l’auteur de cette œuvre était connu. Mais toutes les sagas, ou peu s’en faut, nous ont été transmises sous le voile de l’anonyme. Ceux qui les ont composées comme ceux qui les ont mises par écrit n’ont pas jugé à propos de révéler ni leurs noms ni leurs qualités. C’eut été élever en quelque sorte des prétentions non justifiées à un bien qui, en somme, faisait partie du fonds commun de la nation entière. Certains indices cependant nous autorisent à émettre de vagues conjectures concernant les écrivains qui nous ont conservé, en les fixant sur le