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faveur de la prose islandaise, caractérisée par les sagas. Le grand nombre et la variété de ces œuvres, l’intérêt qui s’y attache, leur incontestable valeur historique ou littéraire rendent profondément regrettable l’indifférence que, jusqu’en ces derniers temps, l’on paraissait affecter à leur égard.

Le réveil auquel nous assistons depuis une vingtaine d’années trouve sa plus belle expression dans la Bibliothèque de sagas (Altnordische Saga-Bibliothek) créée à Halle sous les auspices de G. Cederschiöld, H. Gering et E. Mogk. Une série de philologues de renom, rompus aux difficultés de la langue et initiés à tous les mystères de l’ancienne civilisation du Nord, s’occupent activement à rééditer les plus captivantes et les plus importantes des sagas, disséminées quelque peu au hasard dans des recueils inabordables. Il en a paru sept jusqu’à ce jour. Toutes ces publications sont de réels chefs-d’œuvre de critique et d’érudition. (Voy. nos art. dans le Bull. bibl. et pédag. du Musée Belge, T. I, p. 75 et T. II, p. 222.) À Akureyri, en Islande, se poursuit également la réimpression d’une collection de sagas, choisies parmi les plus marquantes et les plus populaires.

La France — on le comprendra aisément — est restée beaucoup en retard. Tant de circonstances défavorables devaient paralyser ses efforts, que nous ne pouvons pas nous étonner que, dans la culture des lettres islandaises, elle ait joué un rôle plus ou moins effacé. Quelques rares érudits se sont promenés en dilettanti à travers la mythologie et les vieilles légendes Scandinaves et leurs travaux se comptent facilement. Nous possédons en langue française quelques études remarquables dues à J.-J. Ampère[1],

  1. Littérature et voyages, Paris, 1853. — Sigurd, tradition épique restituée. Paris, 1832.