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mort de beli et de thorstein.


Un jour le roi Beli tomba malade. Sentant sa fin venir, il manda ses fils auprès de lui et leur parla en ces termes : « La présente maladie va me conduire à la mort ; je vous recommande de considérer comme vos amis intimes[1] ceux qui ont été les miens, car il me semble que tout vous manque quand je vous compare à Thorstein et à Fridthjof, le père et le fils, tous deux rusés et prompts dans l'action. Vous élèverez un tertre sur mon corps ». Là-dessus Beli mourut.

Quelque temps après Thorstein tomba malade et parla ainsi à Fridthjof, son fils : « J’ai une prière à t’adresser ; il faut que tu montres à l’égard des fils du roi des sentiments de conciliation, comme il convient en raison de leur dignité ; pour le reste, mon esprit est rassuré au sujet de ton avenir. Je désire être enseveli en face de la sépulture du roi Beli, en deçà du fjord, sur le bord de la mer, où il nous sera facile de causer des événements futurs[2].

  1. En isl. langvínr, « ami de longue date ». Cf. ξένος πατρῴος, ξένος ἔξ ἀρχῆς.
  2. Une loi d’Odin enjoignait aux rois et aux jarls de « voûter des tertres », c’est-à-dire de faire construire sous terre ou à fleur de terre de véritables chambres surmontées d’une butte et destinées à leur servir de tombeaux. Souvent, comme ici, le mourant se contente de n'indiquer l’emplacement, que l’on choisissait de préférence dans un lieu proéminent, sur une montagne, au bord de la mer ou d’une rivière, quelquefois à proximité de l’habitation ou à l’endroit même de la mort. — Beli et Thorstein, qui avaient été « frères nourriciers », voulaient rester unis dans la mort et être ensevelis dans le voisinage l’un de l’autre, afin de pouvoir s’entretenir de leurs exploits de vikings et des événements futurs. Ce trait atteste la croyance profonde des anciens Scandinaves en la survivance de